Figure emblématique de l’opposition au pouvoir de Viktor Ianoukovitch en Ukraine, Ioulia Timochenko a été transférée à l’hôpital de Kharkiv le 8 mai alors qu’elle avait entamé une grève de la faim depuis le 20 avril. Très affaiblie, l’ex-Premier ministre a néanmoins stoppé hier tous les soins prodigués par le Dr Lutz Harms, médecin berlinois dépêché sur place pour la guérir. En cause, la divulgation des informations de soins par le service pénitencier et notamment les horaires de passage de ses médecins. Même si le document ne révèle pas comment elle est soignée, Ioulia Timochenko a fait savoir par l’intermédiaire de sa fille qu’elle comptait déposer une plainte devant la Cour européenne des droits de l’Homme pour « divulgation d’informations personnelles ». Selon son avocat Sergui Vlassenko, elle aurait accepté de reprendre partiellement ses soins aujourd’hui.
L’affaire Ioulia Timochenko, incarcérée depuis août 2011 et condamnée à sept ans de prison en octobre pour détournement de fonds publics et fraude fiscale, fait débat au sein de l'Europe où certains pays ont déjà fait savoir à l'Ukraine qu’ils n’enverraient aucun représentant politique sur le territoire ukrainien pour l’Euro 2012 qui se déroulera en Pologne et en Ukraine : c’est le cas des Pays-Bas et des responsables de l’Union européenne, José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy en tête. L’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie hésitent encore alors que la France ne s’est pas prononcée : elle était absente de la réunion des ministres des Affaires étrangères lundi 14 mai à Bruxelles.
Et comme pour affirmer son intransigeance sur la question, la Cour de cassation ukrainienne a décidé hier mardi de renvoyer le pourvoi de l’ex-Premier ministre au 26 juin pour raison de santé. Or Ioulia Timochenko avait écrit au tribunal qu’elle renonçait à jouir de son droit d’assister à l’audience en personne. Une décision qui ravive la duplicité de l’Ukraine pour son entrée soit dans l’Union européenne soit dans l’Union douanière avec la Russie et le Kazakhstan, sur laquelle elle joue depuis un long moment et qui agace fortement Bruxelles.
Laure Gamaury
Avec AFP
Crédit photo : AFP
Grève de la faim en prison pour Ioulia Timochenko
Ioulia Timochenko : appel à la libération pour l'opposante ukrainienne
7 ans de prison pour l'opposante ukrainienne Ioulia Timochenko