Le médiateur de l’ONU Kofi Annan est arrivé lundi à Damas en Syrie, afin d’y rencontrer le président Bachar al-Assad. Il vient rappeler au régime son obligation de respecter le plan de paix signé le 12 avril dernier, et devrait lui présenter la déclaration adoptée à l’unanimité dimanche suite au massacre de Houla vendredi dernier. Une centaine de civils ont été tués, dont une cinquantaine d’enfants ; il s’agirait principalement des familles des hommes partis se battre avec les rebelles. Le Conseil de sécurité de l'ONU exige que Damas cesse immédiatement d'utiliser des armes lourdes et qu'il retire ses forces des villes, conformément au plan Annan.
À son arrivée, l’émissaire international s’est dit « horrifié » par le massacre de Houla : « Je suis personnellement choqué et horrifié par les événements tragiques d'il y a deux jours », a-t-il déclaré, « c'était un acte répugnant, aux conséquences profondes ». Selon l'agence de presse officielle Sana, M. Annan s’est entretenu dans la même journée avec le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, qui lui a expliqué « la vérité sur ce qui se passe en Syrie et les attaques contre l'ordre qui visent à semer le chaos », en dépit « des réformes que la Syrie adopte dans tous les domaines ».
« Complaisance honteuse »
Les habitants de la ville de Houla ont poursuivi leurs manifestations en marge de la visite de l’émissaire de l’ONU. A Habite, dans la province d'Idleb (nord-ouest), une banderole proclamait « L'ONU nous tue », signe de la colère grandissante des militants contre la communauté internationale accusée d'inaction. De son côté, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, dénonce « un acte de complaisance honteux » suite à la déclaration « non contraignante » du Conseil de sécurité « au moment où des enfants étaient massacrés au vu et au su du monde entier ». Le CNS demande aux pays qui le soutiennent de lui fournir des « moyens efficaces d'autodéfense » pour faire face à la répression. La veille, l'Armée syrienne libre (ASL), composée essentiellement de déserteurs, avait averti qu'elle ne serait plus liée par le plan Annan si l'ONU n'agissait pas rapidement. En 14 mois, les violences ont fait plus de 13 000 morts, dont plus de 1 800 depuis le début de la trêve, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Malgré la condamnation du Conseil de sécurité et l’arrivée de Kofi Annan, 87 personnes ont été tuées dimanche, selon l'OSDH, et 36 pour la seule journée de lundi dans de violents combats près de Damas. Les 15 pays membres ont réaffirmé leur soutien aux efforts de l'émissaire, tandis que la Russie a préféré accuser les « deux parties », régime et rebelles, d’être impliquées dans le massacre. « Nous ne soutenons pas le gouvernement syrien. Nous soutenons le plan de Kofi Annan », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, soulignant qu'il était plus important de « mettre fin à la violence » que de « se préoccuper de qui est au pouvoir en Syrie ». Damas a de son côté nié « totalement toute responsabilité gouvernementale dans ce massacre terroriste ».
Avec AFP
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