Le « Davos des femmes » inaugure en 2012 sa première édition régionale à Sao Paulo. Pourquoi le Brésil ? « Il y a un élan actuellement au Brésil », a déclaré Véronique Morali, présidente du Women’s Forum for the Economy and Society, dans son discours inaugural, « pas seulement parce que le président est une femme – Dilma Roussef élue en 2010, ndlr- et que bon nombre de ministres et de sénateurs sont des femmes. C’est aussi parce que les femmes jouent de plus en plus des rôles de leader dans des entreprises familiales, des sociétés cotées, des fondations et des ONG. » L’objectif de ce Women’s Forum réduit et délocalisé : « aller à la rencontre des femmes de ce pays, susciter des échanges sur des sujets typiquement brésiliens », tels la valorisation de l’éducation, l’émergence de la classe C, nouvelle classe moyenne brésilienne, ou l’environnement.
Environ 400 hommes et femmes se sont rassemblés au Grand Hyatt de Sao Paulo durant deux jours : décideurs économiques et politiques, représentants de la société civile, personnalités du monde des médias et des milieux universitaires. Trois grands « speakers » ont été choisis pour cette édition, pour incarner trois enjeux clé pour le Brésil : l’énergie, l’environnement, et la sécurité. Maria das Gracias Foster, dont l’intervention a marqué la première journée (4 juin), a été récemment nommée à la tête de la plus grande entreprise d’Amérique latine, Petrobras, équivalent de Total au Brésil. Née dans les favelas, elle a gravi un par un les échelons de cette société publique, « c’est une femme impressionnante qui a tenu un discours fort et émouvant, mais qui affiche clairement son opposition aux quotas et à toute discrimination positive envers les femmes, plutôt partisane de laisser avancer les choses naturellement ». Tout comme l’activiste écologiste Marina Silva, ancienne ministre de l’Environnement et ex-candidate à l’élection présidentielle face à Dilma Roussef. Pour la deuxième journée, c’est une autre femme très médiatique qui tient le haut de l’affiche : Martha Rocha, Chef de la police civile de Rio.
Pour la 6e puissance économique mondiale, les dix dernières années ont été décisives, mais sa croissance accuse un ralentissement, « ce pays est encore très dépendant de l’occident pour ses exportations, et notamment de l’Europe, souligne V. Morali, il souffre encore aussi de clivages sociaux importants, et du point de vue des femmes, on constate un certain retard sur la prise de conscience face au machisme traditionnel. Certaines sociétés se refusent toujours à recruter des femmes ». D’où l’effervescence qui règne pour cette première édition du Women’s Forum brésilien, où les femmes les plus influentes du pays ont été conviées : issues du monde des affaires, comme Regina Nûnes, Directrice Générale Standard & Poor’s au Brésil, de l’entrepreneuriat comme Anne Fontaine, fondatrice de la marque du même nom, ou Anamaria Schindler, coprésidente, Ashoka International, qui promeut l’entrepreneuriat social, ou des représentantes d’ONG et de fondations comme Beatriz Cardoso, Présidente de la CEDAC (Comunidade Educativa) qui œuvre pour l’Education.
« On sent une véritable attente des femmes ici », explique la présidente du Forum, qui précise malgré tout qu’il ne s’agit plus seulement de « parler des problèmes des femmes », mais de proposer une approche plus profonde et plus globale, « nous sommes par-dessus tout une plate-forme pour conduire une réflexion sur les questions actuelles dans le domaine des affaires, de l’économie et de la société. » La présidente ne s’est pas privée de rappeler en ouverture que même si le Women’s Forum privilégie les voix et les perspectives féminines, il n’est pas question de se priver de la « vision des hommes ».
Prochain rendez-vous à Deauville du 10 au 12 octobre 2012, et sans doute en 2013 au Brésil...
Plus d’infos sur le site du Women's forum
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