Lundi soir, en sortant d’un salon de beauté avec son père à Peshawar, la chanteuse pakistanaise Ghazala Javed a été prise pour cible par deux motards armés. Six balles dans le corps pour elle, une balle pour lui, la fille et son père ont été « abandonnés » en pleine rue « dans une mare de sang », selon la police. La jeune femme de 24 ans s’est rendue célèbre dans le pays pour ses chansons dans la langue pachtoune, son ethnie. Avec une vingtaine d’albums à son compte, elle poursuivait sa carrière malgré les menaces des islamistes radicaux, opposés aux carrières artistiques de toute Pakistanaise.
D’après Libération, la police aurait des soupçons sur l’ex-mari de la chanteuse, l’homme d’affaires Jahangir Khan. Celui-ci avait dissimulé à sa fiancée son premier mariage et voulait l’empêcher de poursuivre dans la chanson, ce qui avait motivé son divorce, un acte aussi mal perçu que le chant par les musulmans intégristes.
Minute de silence
Dans un communiqué, la ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, qualifie ce crime d’ « odieux », et de « tragique », rappelant que « la liberté de chanter et de danser reste, dans de trop nombreux pays du monde, un combat à mener pour la liberté des femmes et le respect de leurs droits les plus fondamentaux (…) ». La ministre souhaite par ailleurs que ce drame encourage les autorités pakistanaises « à poursuivre leur combat contre toutes les formes de violences attentatoires aux libertés individuelles des femmes pakistanaises. »
À l’occasion de la Fête de la Musique qui sera célébrée au sein du ministère des Droits des femmes jeudi 21 juin, une minute de silence sera observée en hommage à Ghazala Javed.
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