« Je suis le président de tous les Egyptiens sans exception ». Cette déclaration est celle de Mohamed Morsi, premier islamiste à accéder à la magistrature suprême en Egypte. « L'unité nationale est le seul moyen de sortir de ces temps difficiles », a-t-il ajouté, faisant référence aux hommes, aux femmes, aux chrétiens comme aux musulmans. » Chef du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi est à 60 ans le premier président élu depuis la chute d’Hosni Moubarak. Ingénieur diplômé d'une université américaine, il est aussi le premier civil à devenir chef de l'Etat depuis la chute de la monarchie en 1952, ses prédécesseurs étant tous sortis des rangs de l'armée.
Elu avec 51,73 % des voix, contre 48,27 % pour son rival Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre du président déchu, sa victoire a été saluée par une explosion de joie place Tahrir au Caire, où des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées. « Allah akbar! » (Dieu est le plus grand), « A bas le pouvoir militaire », ont scandé ses partisans, dont certains ont aussi tiré des feux d'artifice. « C'est une victoire pour la révolution égyptienne », affirmait un manifestant.
Affirmant tout au long de sa campagne être « le candidat de la révolution », le nouveau président égyptien a commencé son discours par un hommage aux quelque 850 personnes tuées pendant les soulèvements. Il faut que la « révolution continue jusqu'à la réalisation de tous ses objectifs », a-t-il affirmé, s’engageant également à « préserver les traités et chartes internationaux » signés par l'Egypte. Parmi les principaux engagements internationaux du pays figurent les accords de paix avec Israël conclus en 1979.
Le président américain, Barack Obama, a fait part de ses félicitations à Mohamed Morsi. Il l’a par ailleurs assuré du soutien des Etats-Unis pour la transition de l'Egypte vers la démocratie, a indiqué la Maison Blanche. Dans un communiqué, son porte-parole, Jay Carney, a souligné qu’il était « essentiel que le nouveau gouvernement continue à faire de l'Egypte un pilier de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région ». De son côté, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute du président Moubarak, a promis de remettre le pouvoir exécutif au nouveau président avant la fin du mois. Son chef, le maréchal Hussein Tantaoui, a lui aussi adressé ses félicitations au nouveau chef de l’Etat.
Fort d'une légitimité acquise dans une élection où les Egyptiens ont pu pour la première fois choisir leur président librement, Mohamed Morsi disposera toutefois d'une marge de manœuvre limitée face au Conseil militaire. Et pour cause, dans une « Déclaration constitutionnelle complémentaire », l'armée a en effet récupéré le pouvoir législatif après la dissolution mi-juin de l'Assemblée nationale, contrôlée par les islamistes, en vertu d'un jugement déclarant illégal le mode de scrutin. Jusqu'à l'élection d'une nouvelle Chambre des députés à une date non précisée, toute réforme restera donc soumise au contrôle des militaires. En outre, l'armée garde un droit de regard sur la rédaction de la future Constitution, ainsi que des prérogatives importantes en matière de sécurité et de maintien de l'ordre.
Crédit photo : AFP
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