50 ans de réclusion pour l'ancien dictateur Jorge Videla (86 ans), 15 ans pour Reynaldo Bignone (84 ans). Jeudi, la justice argentine a condamné plusieurs anciens responsables de la dictature argentine (1976-1983) pour avoir mis en place un « plan systématique » de vol et d'appropriation de 35 enfants d'opposants politiques par des proches du régime. Les deux hommes purgent déjà deux peines à perpétuité, le premier pour crimes contre l'humanité, et le second pour violation des droits de l'Homme.
Au total, huit anciens responsables étaient jugés pour ce motif, parmi lesquels Jorge « Tigre » Acosta, en charge de l'École mécanique de la marine, un centre de torture où ont été retirés à leur mère la plupart des enfants. Sept des huit accusés ont été condamnés.
Le verdict a été accueilli avec soulagement et satisfaction par les personnes qui l'attendaient, sur le parvis du tribunal. Parmi elles, les « grands-mères de la place de mai » qui ont défilé une fois par semaine entre 1977 et 2006 pour réclamer la vérité autour de leurs enfants et petits enfants disparus pendant la dictature, se sont réjouies de cette décision. Leur organisation évalue à 500 le nombre d'enfants disparus.
Beaucoup de ces jeunes « adoptés » par les militaires ont ignoré longtemps leur véritable identité, à l'image de Francisco Madariaga Quintela, 35 ans, qui a appris il y a deux ans qu'il était le fils d'une opposante. Ses parents adoptifs ont été condamnés pour « appropriation d'enfants » à cinq et quinze ans de prison.
Des films argentins relatent la tragédie de ces vols de bébés, dont « la historia oficial » réalisé en 1995 par Luis Puenzo.
Pendant la dictature, quelque 30 000 opposants ont disparu, le plus souvent torturés puis jetés à la mer.
Viviane Clermont
(Source : AFP)
Crédit photo : AFP
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