Les joueuses de football féminin seront finalement autorisées à porter le voile sur le terrain, après plusieurs années d’hésitations et de controverse, la FIFA a cédé. L’IFAB -International Football Association Board-, qui organise les règles du football, l’avait annoncé en mars, suspendant sa décision à l’accord de la FIFA, qui devait statuer sur les questions de santé et de sécurité. « Cette initiative prise lors de notre dernier congrès avait été soumise à une décision finale du comité médical de la FIFA. Les réserves médicales et sur la sécurité ont été supprimées pour le port du voile et la mesure est donc approuvée », a déclaré Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA, lors de la conférence de presse. « Le principe de l’utilisation a été accepté sur la considération qu’il existe une communauté de femmes qui ne peut jouer au football sans cette coiffe pour des raisons culturelles, et par conséquent l’IFAB a considéré que [l’interdiction du voile] était contraire à l’idée de développer le football, de donner le football au monde entier et de s’assurer qu’il puisse être joué par tous, c’était contraire à cette mission de la famille du football et c’est pour cela qu’il fallait l’autoriser. »
Si les modalités d’application, comme les caractéristiques techniques du voile autorisé ne seront discutées qu’en novembre à Glasgow, la décision n’aura pas manqué de ravir l’Iran et les monarchies du Golfe. En juin 2011, une plainte avait été déposée par Téhéran après que ses joueuses voilées soient exclues d’un match de qualification pour les JO, au prétexte, qu’ « aucun signe religieux politique ou personnel » n’est toléré sur les terrains. « Cette décision, attendue avec impatience, fait notre très grande joie », a déclaré à l'AFP la présidente de la commission du sport féminin au sein de la fédération koweïtienne de football (FKT), Cheikha Naïma Al-Sabah. « C'est une bonne nouvelle pour nous. C'est bon pour la communauté musulmane », a déclaré Alex Soosay, secrétaire général de la Confédération asiatique de football.
Pour certains pays du Golfe, la décision ne changera pas la donne : le sultanat d’Oman par exemple et l’Arabie saoudite n’ont pas de délégation féminine. Les Saoudiennes ne sont pas censées pratiquer d’activité sportive. Néanmoins, certaines expatriées réclament toujours le droit de concourir sous les couleurs de leur pays, mais Ryad n’a pas encore rendu sa décision pour les prochains JO de Londres. C’est une victoire attendue également pour le prince Ali Bin Al-Hussein, frère du roi de Jordanie et vice-président de la FIFA, qui a massivement œuvré avec le Qatar pour faire autoriser le voile.
L’exclusion du hijab a déjà été largement outrepassée par le CIO (Comité International Olympique). En 1996, lors des JO d’Atlanta, une tireuse à la carabine iranienne s’est présentée à la cérémonie d’ouverture avec son voile. Depuis, les délégations voilées ne sont plus dérangées aux JO, malgré l’article 51 de la Charte Olympique qui stipule qu’ « aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée. » Sur son site, la Ligue du Droit International des femmes (LDIF), engagée depuis plusieurs années dans le combat de la place des femmes dans le sport, invite à signer une pétition pour le respect de la Charte Olympique, et de l’article 51. Pour les associations féministes, le coup est rude : comment savoir si cette décision ne va pas autoriser une régression pour les sportives magrébines ? Plus rien ne s’oppose à ce qu’elles remettent le voile pour fouler les terrains…
Crédit photo : Reuters/Equipe féminine de football d'Iran juin 2011
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