La condition féminine en Afghanistan fait polémique une nouvelle fois après la diffusion d’une vidéo montrant l’exécution froide et brutale d’une femme soupçonnée d’adultère dans un petit village de la province de Parwan, qui touche celle de Kaboul. On y voit une femme assise sur ses talons écoutant son arrêt de mort sans bouger ni chercher à s’enfuir. « Cette femme, fille de Sar Gul, soeur de Mostafa et épouse de Juma Khan, s'est enfuie avec Zemarai. Elle n'a pas été vue dans le village pendant environ un mois », énonce son vraisemblable juge taliban avant de poursuivre : « Dieu nous dit d'en terminer avec elle. Juma Khan, son mari, a le droit de la tuer. » Un homme vêtu de blanc tire alors deux premiers coups en direction de la femme, qu’il manque, et un troisième qui la touche à la tête. La victime s’écroule, mais son bourreau fait feu encore à une dizaine de reprises.
Selon la porte-parole de la province de Parwan, Roshna Khalid, Najiba, 22 ans, a été arrêtée par les talibans pour avoir eu des « relations » avec un commandant taliban du district de Shiwari. « Il y a seize jours », raconte-t-elle, les insurgés ont décidé « en moins d'une heure qu'elle était coupable et l'ont condamnée à mort. Ils l'ont abattue devant les habitants de son village ». Selon elle, la police et l’armée n’ont pu intervenir mais « une grande opération » dans le district « pour retrouver les coupables » se prépare. Le gouvernement afghan de l'Intérieur a lui « fortement condamné » cet acte « anti-islamique et inhumain » commis par « des tueurs professionnels ».
Des images qui suscitent l'inquiétude, alors que la grande majorité des troupes étrangères quitteront le pays à la fin 2014. Les ONG redoutent en effet que les droits des femmes afghanes ne fassent les frais d'un éventuel futur retour au pouvoir des talibans. Selon l'ONG Oxfam, 87 % des Afghanes affirment avoir subi des violences physiques, sexuelles ou psychologiques ou un mariage forcé. Et si dans les grandes villes quelques progrès sont palpables, ils ne sont pas encore suffisants en raison, dénonce la société civile, de la duplicité du gouvernement qui épouse la cause des femmes pour « continuer à recevoir » de l'aide internationale mais écoute « en pratique » « les demandes des éléments extrémistes ». Début mars le président Hamid Karzaï avait ainsi appuyé le conseil des oulémas, la plus haute autorité religieuse, lorsque celui-ci a édicté que « l'homme est fondamental et la femme secondaire ». La communauté internationale a quant à elle promis, dimanche à Tokyo, 16 milliards de dollars sur quatre ans à l’Afghanistan contre une série de conditions et notamment la promotion des droits des femmes.
(Source : AFP)
Voir la vidéo. Attention, les images sont choquantes.
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