Une féministe au sein même de l’Église, une situation inimaginable il y a quelques années. Et pourtant, Lucetta Scaraffia est éditorialiste pour le journal du Vatican, l’Osservatore Romano, ainsi que journaliste pour quelques quotidiens italiens. Elle vient même de créer un supplément mensuel féminin, baptisé l’Inserto, qui assure-t-elle démontre toute la misogynie de l’Église : « C'est un monde fermé, aux prises avec le problème du pouvoir. Beaucoup de gens dans le clergé craignent que si les femmes entrent en jeu, il y ait moins de places pour eux ». Assurant recevoir l’appui du pape lui-même, elle livre sans concession sa vision de l’institution catholique actuelle, égratignant certains pontes au passage et s’attirant les foudres des cadres de cette communauté qu’elle chérit tant.
Lucetta Scaraffia peut être qualifiée de progressiste dans les rangs du Saint-Siège avec ses déclarations sur la pédophilie des prêtres : « la pédophilie a été un scandale quasi exclusivement masculin. En général, les femmes gardent le contrôle. S'il y avait eu des femmes dans des fonctions de pouvoir, elles n'auraient pas permis ces choses ! », ou sur les récentes fuites de documents confidentiels du Vatican : « S'il y avait des femmes au pouvoir dans l'Église, rien ne sortirait de la Secrétairerie d'État. Les femmes sont plus libres car elles n'ont pas la perspective du pouvoir ».
En revanche, si elle soutient l’introduction progressive des femmes dans les arcanes du pouvoir catholique, ses valeurs religieuses n’évoluent pas aussi rapidement : elle défend ardemment les organisations anti-avortement, n’imagine pas l’ordination des femmes et confirme l’obligation de célibat pour les prêtres. Une manière de marquer sa différence avec les autres féministes, le plus souvent laïques.
Laure Gamaury
(Source : AFP)
Crédit photo : il Cannocchiale
Terrafemina est-il un site féministe ?
« Manifeste féministe » par des hommes qui n'ont pas peur des femmes
Pédophilie : le pape devant la Cour Pénale Internationale