Le procès était inédit en Côte d’Ivoire : neuf femmes sur le banc des accusés pour rendre compte d’un acte censé être puni par la loi depuis 1998 : l’excision. Les neuf exciseuses de Katiola –localité située à 400km au nord d’Abidjan- ont toutes écopé d’un an de prison et de 50 000 FCFA (75 euros) d’amende pour avoir opéré une trentaine de petites filles en février dernier. Quatre d’entre elles ont été reconnues « coupables de mutilation génitale féminine », tandis que les autres ont été condamnées pour « complicité ».
L’évènement, décisif et symbolique, a réjoui les ONG sur place et l’ONU. « Selon des sources concordantes, il n’y avait pas encore eu de jugement d’exciseuses en Côte d’Ivoire », a déclaré Suzanne Maïga Konaté, représentante résidente du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA). « Par le passé, il y a eu des arrestations de femmes exciseuses, mais ces cas se limitent au commissariat avec règlement à l’amiable, sans aboutir à des jugements et condamnations, suite aux interventions de parents et des communautés locales », a-t-elle ajouté. « Cette condamnation (…) permettra de réduire le phénomène de l’excision », s’est réjoui Patrick Yedess, chargé des questions d'état de droit au sein de l’Opération des Nations unies dans le pays (Onuci), présent au tribunal.
Mais selon l’UNFPA, ces femmes sont trop âgées pour effectuer leur peine de prison. La pratique de l’excision consiste à amputer les filles de tout ou une partie de leur clitoris. Elle peut concerner jusqu’à 80% des femmes au sein de certaines communautés musulmanes du Nord et animistes de l’Ouest. Dans le pays, 36% des femmes seraient touchées, selon une enquête de 2006, une ONG avance le chiffre de 42% des femmes. L’année dernière, une fillette de trois ans est décédée des suites de ses blessures liées à cette pratique à Dabakala, à 80 km au nord-est de Katiola.
En France, des parents d’origine guinéenne ont été condamnés le 1er juin dernier à 2 ans et 18 mois de prison pour avoir excisé leurs quatre filles.
Source : AFP
Crédit photo : Roger Rozencwajg/Photononstop
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