Les éditorialistes américains s’insurgent, les médias en rajoutent. Depuis une semaine, Gabrielle Douglas, gymnaste américaine, est la cible d’un laborieux débat sur sa coupe de cheveux lors des épreuves des JO de Londres. La jeune fille de 16 ans vient pourtant d’apporter à l’Oncle Sam sa première médaille d’or olympique en gymnastique artistique en individuel, ainsi qu’une médaille d’or par équipe. Elle pensait entrer dans l’histoire, mais lorsqu’elle a recherché son nom sur Internet nom quelques heures après son triomphe, l’adolescente est tombée des nues.
Sur Twitter, une discussion s’était formée autour de son patronyme, non pas pour commenter ses performances au sol ou aux barres asymétriques, mais pour critiquer sa coiffure. D’après les critiques, sa queue de cheval n’était pas assez soignée, et ses mèches sombres auraient dû être serrées dans un chignon de danseuse, comme c’est la coutume chez les gymnastes. Un utilisateur de Twitter écrit : « Gabby Douglas devrait faire quelque chose pour ses cheveux ! Ces barrettes et ces résidus de gel, ça ne va pas ! » Un autre : « pourquoi personne n’a essayé de fixer les cheveux de Gaby Douglas ? » Alors que d’autres prenaient sa défense, la discussion a enflé au point d’intéresser les médias.
Rebecca Sive, éditorialiste au Huffington Post, répond au « bad buzz » dans un billet de soutien à la gymnaste, reliant cette affaire à un débat qui traîne depuis des décennies concernant la norme tacite des cheveux raides et lisses à laquelle beaucoup de femmes noires américaines se sentent obligées de se plier. Elle rappelle le pavé dans la mare lancé par la journaliste Melissa Harris-Perry, qui déplorait dans une émission récente cette « politique du cheveu noir ». Un talk-show dans lequel les invitées se sont exprimées sur l’oppression de ce diktat, et du prix à payer pour avoir une chevelure aussi proche que possible des canons de beauté américains. Excepté la blondeur californienne.
« Melissa Harris-Perry nous a expliqué pourquoi certaines Afro-Américaines passaient la nuit avec une écharpe en soie autour de la tête, pour protéger leur lissage », rappelle Rebecca Sive, avant d’évoquer les heures de fer à lisser, les shampooings chimiques et les extensions coûteuses afin de dompter ces satanés cheveux crépus pour un maximum de temps. « Le fait est que, si notre coiffure "naturelle" et nos cheveux crépus étaient assez bien pour satisfaire notre culture formatée aux codes de la beauté WASP, aucune d’entre nous n’endurerait tous ces traitements (…), s’insurge-t-elle avant de renchérir : « et si les choses étaient ainsi, les cheveux de Gabby Douglas n’auraient pas fait autant de bruit. »
Affectée, la jeune athlète a néanmoins répondu avec aplomb dans une interview à l'Associated Press : « Je ne comprends pas d’où ça vient. C’est quoi le problème avec mes cheveux ? Je suis comme ça, je suis entrée dans l’histoire de la gymnastique et les gens se préoccupent de mes cheveux ? Je ne veux pas être chauve ou les couper court ». Gabby a précisé qu’elle ne changerait rien à ses habitudes, et qu’elle aurait la même coiffure pour les finales (voir le programme des finales).
La finale de barres asymétriques a bien eu lieu lundi, Gabby a terminé dernière, confirmant les craintes sa mère, Nathalie Hawkins : « comment peut-on être ignorant au point de débattre sur ses cheveux alors qu’elle doit encore mener une compétition ? Veut-on ruiner la confiance qu’elle a en elle ? », s’interrogeait-elle dans une interview accordée à Fashionista.com.
Pour la championne, l'heure est à la dernière épreuve -la finale de poutre ce mardi 7 août vers 15h40- et avec elle une occasion de vérifier si ses performances pâtissent vraiment d’un faux-débat sur une queue de cheval. De l’inconvénient des réseaux sociaux pour le respect de l’esprit des JO.
Source : Huffington Post
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