Le 1er août dernier, la commission Droits et libertés de l’Assemblée nationale constituante tunisienne (ANC) a adopté un article polémique qui établit la « complémentarité » des femmes par rapport aux hommes, revenant sur le principe d’égalité entre les sexes. Le texte n’a pas encore été voté en séance plénière.
La députée Selma Mabrouk a lancé une pétition dénonçant la formulation de l’article. « Je suis une femme tunisienne et avant d’être une femme ou une Tunisienne, je suis un être humain et une citoyenne à part entière », peut-on lire dans les premières lignes de la pétition. L’article incriminé établit que « l’État assure la protection des droits de la femme, de ses acquis, sous le principe de complémentarité avec l'homme au sein de la famille et en tant qu'associée de l'homme dans le développement de la patrie ».
Un recul pour les droits des femmes
« Ce texte suppose que la notion de ‘femme’ est uniquement définie en fonction de l’homme et non en fonction de sa propre citoyenneté, en tant que personne à part entière », déplore Selma Mabrouk. Sondès Garbouj, présidente de la section tunisienne d’Amnesty International, dénonce quant à elle un « revirement total par rapport aux promesses faites au cours de la campagne électorale par tous les courants politiques qui avaient affirmé leur attachement aux droits des femmes et leur volonté de les faire évoluer ».
En Tunisie, les droits des femmes sont garantis par le Code du statut personnel de 1956, qui autorise le divorce, garantit l’égalité des sexes, et interdit la répudiation. Les défenseures de leurs droits craignent une remise en question de ces acquis.
Les féministes tunisiennes sont descendues dans les rues de la capitale ce mercredi pour réclamer le retrait définitif de l’article et faire savoir qu’elles se mobiliseraient tant qu’elles n’auraient pas la garantie que la Constitution défendra les principes de la révolution, à savoir la liberté, l’égalité, la justice sociale et la dignité.
Viviane Clermont
Source : france24.com
Crédit photo : AFP/ Archives
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