Cette opposante au régime russe a écopé du double de la peine requise par le procureur du tribunal de Smolensk (Russie, 420 km à l'ouest de Moscou). Huit ans de camp pour trafic de drogue. Une condamnation dont elle fera appel et jugée extrêmement sévère selon d’autres membres de l’opposition, et des intellectuels comme Édouard Limonov, qui dénonce une « justice arbitraire ».
Taïssia Ossipova, 28 ans, membre du parti d'opposition l'Autre Russie et épouse de l’un des dirigeants de ce parti, Sergueï Fomtchenkov, est accusée d’avoir tenté de vendre deux doses de drogue. Sa condamnation relève d’une « décision politique qui vient d’en haut » et d’un coup monté bien ficelé selon l’avocate de celle-ci, Svetlana Sidorkina, interrogée par l’AFP : « C'est une tragédie dans notre pays. Beaucoup de gens sont en prison parce qu'on utilise contre eux de la drogue pour fabriquer des affaires de toutes pièces », explique-t-elle.
Selon la défense, Mme Ossipova aurait subi des pressions bien avant son arrestation il y a deux ans. Les autorités lui demandant de témoigner contre son époux. Sur le site du parti, on raconte que devant son refus, des enquêteurs lui auraient lancé : « Ta fille grandira sans toi! »
« Le pouvoir veut montrer sa force et faire peur à ceux qui s'opposent à lui », estime son mari M. Fomtchenkov dans une déclaration à l'AFP. Même analyse pour Dmitri Orechkine, politologue indépendant et critique du Kremlin qui voit dans ce jugement un « signal » envoyé aux opposants pour leur montrer que le pouvoir est « prêt à resserrer les boulons », alors que le Kremlin est confronté depuis plusieurs mois à une contestation sans précédent.
Selon le dernier rapport sur les droits de l'Homme en Russie du Département d'État américain, Taïssia Ossipova ne bénéficie en détention d'aucun soin bien qu'elle souffre de diabète.
Mme Ossipova avait été arrêtée en 2010 à Smolensk et condamnée une première fois à dix ans de camp. M. Medvedev, jugeant la peine trop sévère, était intervenu pour demander au parquet de réexaminer cette affaire, finalement renvoyée devant le tribunal de Smolensk.
Le 17 août, les trois jeunes femmes du groupe Pussy Riot ont été condamnées à deux années de camp pour « hooliganisme » après avoir chanté une « prière » contre Poutine dans une cathédrale. En outre, deux leaders de la contestation anti-Poutine sont actuellement sous le coup d’une enquête : l'avocat et blogueur Alexeï Navalny, et le député d'opposition Guennadi Goudkov.
Source : AFP
Crédit photo : Free-Voina.org/AFP/Archives
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