L’Argentine s’apprête à emboîter le pas à ses homologues latino-américains en inscrivant le crime de féminicide dans le code pénal. À la suite du Nicaragua, de la Bolivie, du Pérou, de la Colombie ou du Mexique, le pays de Christina Kirchner envoie un message fort aux auteurs de violences conjugales qui restent encore souvent impunis en Argentine.
État d’urgence demandé
Jeudi 30 août, 200 femmes ont défilé dans le nord du pays pour appeler à « l’état d’urgence pour violences sexuelles et violences au foyer ». La manifestation réagissait aux 3 meurtres perpétrés la veille : 3 femmes ont été tuées par balles par leur mari ou leur ex-compagnon. Quelques jours auparavant, un jeune de 23 ans a également exécuté sa belle-fille âgée de 6 ans, la grand-mère de son ancienne compagne et son ex-belle-sœur âgée de 15 ans. 119 féminicides ont pour l’instant été recensés depuis le début de l’année en Argentine contre 151 l’année dernière à la même époque, selon les chiffres d’une ONG. Ada Rico, directrice de l’Observatoire des féminicides de cette ONG, croit au changement : « Il y a désormais une plus grande visibilité: les féminicides ne sont plus vus comme des faits isolés ».
Le projet de loi devant le Congrès
Si la chambre des députés a adopté le texte sur le féminicide en 1re lecture, il doit encore être voté par le Sénat pour être promulgué. Pendant ce temps, 200 membres de l’Association des femmes magistrats (AMJA) réfléchissent à la nécessité de renforcer les formations en matière de féminicide. La présidente, Susana Medina, a fait savoir que « tous les trois jours, deux femmes sont assassinées en raison de leur sexe, dans la plupart des cas par leur compagnon ou leur ancien compagnon. Les magistrats ont donc besoin d'être formés car le pouvoir judiciaire demeure une institution patriarcale et il faut aussi que la population en prenne conscience. »
Laure Gamaury
Source : tempsreel.nouvelobs.com
Crédit photo : AFP/Daniel Garcia
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