Le 3 septembre dernier en Tunisie, une jeune femme et son fiancé sont dans leur voiture quand trois policiers arrivent et les abordent. La Tunisienne est alors violée par deux des agents tandis que le troisième garde à distance le fiancé. La victime porte plainte, l’affaire s’ébruite quand Khaled Tarrouche, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, prend position : il déclare que les deux jeunes gens ont été retrouvés dans une « position immorale », même si cette accusation ne justifie pas le viol.
Les deux policiers sont emprisonnés et attendent leur procès pour viol. Mais le couple fait aussi l’objet de poursuites judiciaires, selon un communiqué collectif où figurent les signatures de l’Association tunisienne des femmes démocrates et de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme : « Ils ont été convoqués par un juge d'instruction mercredi 26 septembre pour une confrontation où elle est entendue en tant qu'accusée du délit d'atteinte à la pudeur et voies de fait ».
Ce nouvel évènement à l’encontre du droit des femmes répugne les associations, qui ont des doutes « sur le sérieux de l'engagement du gouvernement à appliquer le plan national de lutte contre la violence faite aux femmes. Cette procédure transforme la victime en accusée, qui vise à la terroriser et à l'obliger, elle et son fiancé, à renoncer à leurs droits ». Depuis l’élection où les islamistes d’Ennahda ont pris le pouvoir, les associations féministes dénoncent une opacité et des contrôles musclés des policiers sur les Tunisiennes, en raison de leur façon de s’habiller ou de leurs sorties sans être accompagnées par un homme le soir.
Laure Gamaury
Crédit photo : iStockphoto
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