C’est ce mercredi soir, jeudi à 2 heures du matin heure française, qu’a lieu le premier débat télévisé qui peut marquer un tournant décisif dans la campagne présidentielle américaine. Plus de 50 millions de téléspectateurs sont attendus pour ce premier face-à-face entre les candidats Barack Obama et Mitt Romney. Pour l’heure, le président sortant dispose d'une nette avance sur son concurrent : les sondages le créditent de 50% des voix, contre 44% pour son adversaire républicain. Ce dernier, après une piètre campagne qui a vu se succéder les gaffes, tient là sa dernière chance de redresser la barre, à J-34 de l’échéance présidentielle. Un enjeu d’autant plus grand pour lui que s’il échoue à convaincre ce soir il risque bien de voir les groupes républicains qui financent sa campagne fermer les robinets. Il serait alors difficile de renverser la tendance dans les dernières semaines.
Depuis quelques jours, on entend les conseillers des candidats rivaliser de compliments envers l’adversaire. Romney est « un bon débatteur », « Obama a un talent d’orateur unique » : chacun y va de son refrain destiné à surestimer l’adversaire, pour sortir grandi du débat. Une chose est certaine, Barack Obama est sûr de lui, a une verve certaine et pourra bénéficier de son statut de favori. Attention cependant à ne pas tomber dans l’arrogance. « Le président est très cool. Il a tendance à être très axé sur le factuel. Il avance beaucoup de chiffres. Il peut aussi s'énerver et être facilement irritable et il n’aime pas qu’on le défie. Et si l’on va le chercher sur des choses très spécifiques, il peut parfois se mettre en colère. Eviter cela sera l’un de ses défis », explique sur Euronews Michael Tanner, de l’institut américain Cato. Quant à Mitt Romney, selon le Washington Post, son plus grand ennemi c’est lui-même ! Habitué des bourdes et de l’auto-contradiction, il devra réussir à justifier ses positionnements sur l’avortement, les impôts, le contrôle des armes, la réforme de la Santé…
Il sera facile pour le candidat républicain de pointer du doigt le bilan du président sortant. Avec un taux de chômage qui est passé de 7,8 % à 8,1 %, une croissance négative en 2009, une reprise moins rapide que prévu ou encore une dette qui est passée de 10 600 milliards de dollars à plus de 16 000 milliards en quatre ans, Mitt Romney pourra aisément remettre en question la politique de relance économique mise en place par Barack Obama. Mais ce dernier pourra de son côté se targuer d’avoir ralenti les effets de la crise, tout en bénéficiant des effets d’une campagne durant laquelle il n’a pas eu de difficulté à démolir son adversaire.
Depuis plusieurs mois, le camp démocrate dresse en effet le portrait d’un Romney ultra libéral, multimillionnaire, fuyant le fisc américain en plaçant son argent en Suisse et dans les îles Caïman, alors que le couple Obama rappelait qu’ils avaient tout juste fini de rembourser les emprunts qui avaient financé leurs études. Romney est le candidat des riches, qui, selon ses propres dires, ne se soucie pas de 47 % des Américains qui sont des assistés. Fort de sa posture présidentielle et de l’avance qu’il a dans les sondages, Barack Obama devrait rester sur la défensive, tandis que son challenger devrait adopter une stratégie offensive. Aux spectateurs de juger qui sortira grandi du match de ce soir.
Crédit photo : AFP/ Archives
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