Reconnus comme champion du monde de la parité, les Suédois ont inscrit le principe d’égalité entre homme et femme dans le droit successoral dès 1845. En politique, plus de la moitié des ministres étaient des femmes il y a deux ans, et 47,3% du Parlement était féminin. Le souci d’équité a d’ailleurs amené récemment à la création d’un pronom dans la langue suédoise, qui ne définit pas le sexe : « han » (il) et « hon » (elle) caractérisent le masculin et le féminin là où « hen », au contraire, ne détermine rien.
Selon Mme Milles, linguiste, « hen » est un outil qui sert à « propager l'idée de parité ». Un autre linguiste, Mikael Parkvall, est plus nuancé sur le sujet : « L'idée que la langue détermine la pensée est très populaire, mais nous les spécialistes sommes plutôt sceptiques. Le lien entre la langue et la pensée n'est pas spécialement fort et on ne devient pas plus paritaire parce qu'on utilise un pronom neutre », a-t-il déclaré à l’AFP, prenant l'exemple du mandarin.
Le « hen » a cependant de fortes chances de n’être qu’un effet de mode avec une durée de vie réduite. Sven-Göran Malmgren, rédacteur du dictionnaire de l'Académie de Suède, la référence en matière linguistique, ne croit pas pour sa part « qu'il existe un seul exemple au monde ou un pronom a été inventé et s'est imposé ». D’après une enquête réalisée par le site internet du magazine suédois Aftonbladet, 96 % des personnes interrogées ne se servent pas du « hen ».
Nicolas Pasquier
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