Il y a six ans, la fiction osait franchir le pas : une femme devenait présidente des États-Unis, rôle endossé par Geena Davis dans la série à succès « Commander in Chief ». Une composition convaincante qui valu à l’actrice un Golden Globe en 2006. Alors que la course à la Maison-Blanche bat son plein depuis plusieurs mois, opposant, comme toujours, deux hommes pour le poste suprême, on se met à rêver : et si en 2016 la réalité égalait la fiction, avec un duel féminin ?
Lors de l’élection de 2008, la situation avait failli se présenter avec la candidature d’Hillary Clinton, engagée en politique depuis l'âge de 17 ans, ex-Première dame, sénatrice de New York, qui se rêvait alors première femme présidente des États-Unis. Mais c’est Barack Obama qui était alors investi par les démocrates, et elle avait finalement rejoint l’équipe du nouveau président au poste de secrétaire d’État. En décembre 2011, Ellen Johnson Sirleaf, prix Nobel de la paix et présidente du Liberia, confiait lors d’une interview son souhait de voir une femme occuper la Maison-Blanche : « Nous aimerions voir les États-Unis nous rejoindre un jour et se donner une première femme présidente ».
Or, les lignes bougent. Depuis que la campagne est officiellement lancée pour l’échéance du 6 novembre prochain, les observateurs sont unanimes : jamais les femmes n’ont été aussi présentes dans une élection présidentielle aux États-Unis. Elles représentent plus de la moitié de l’électorat américain - on compte depuis, 2008, 10 millions de votantes de plus que de votants - et les candidats Romney et Obama ne se sont pas trompés en livrant une bataille sans merci pour les séduire, faisant des questions des droits des femmes des thèmes centraux de leur campagne. Elles sont également présentes du côté des partis, avec deux First ladies positionnées en première ligne de la communication politique. De Charlotte à Tampa, Ann Romney et Michelle Obama ont électrisé les sympathisants, apportant un vernis plus intime et « humain » aux débats de campagne. Si au travers de leurs discours les femmes américaines étaient les premières visées, les épouses des candidats ont en parallèle féminisé le paysage politique des derniers mois.
Autre signe d’une ouverture de la politique américaine : outre l’élection en 2008 du premier président afro-américain avec la victoire de Barack Obama, on a vu se multiplier les délégués issus des minorités visibles, latinos, afro, asiatiques… Dans le camp des démocrates, le latino Julian Castro, maire de San Antonio, a ainsi fait sensation lors de la convention de Charlotte et est déjà considéré comme le prochain Obama. Chez les républicains, c’est le neveu latino de Georges Bush, George Prescott Garnica Bush, qui à 36 ans commence à tisser sa toile politique. L’échiquier politique américain s’ouvre aux minorités, et les femmes, qui ne représentent que 16% du Congrès, en font partie. Depuis huit ans, cependant, Condoleezza Rice et Hillary Clinton défendent chacune pour leur camp les intérêts de leur pays au niveau international et féminisent le paysage politique américain, qui s’ouvre peu à peu à de nouveaux profils. On compte ainsi de plus en plus de femmes dans les rangs démocrates, comme la conseillère Elizabeth Warren, les secrétaires d’Etat Janet Ann Napolitano et Kathleen Sebelius, ou encore la militante Lilly Ledbetter et l’étudiante Sandra Fluke, devenue la miss contraception d’Obama.
Et les sondages ne trompent pas : dès 2006, une étude menée par CBS News pour le New York Times montrait que 92% des Américains étaient prêts à appuyer la candidature d’une femme qui se présenterait à la présidence, dans la mesure où elle représenterait le parti qu’ils soutiennent et où elle serait qualifiée pour le job. En juin 2008, Hillary Clinton prévenait d’ailleurs ses partisans : « À partir d’aujourd’hui, il n’y aura plus rien de remarquable dans la victoire d’une femme aux élections primaires des États, rien de remarquable dans le fait d’avoir une femme dans une course serrée pour devenir notre porte-étendard, rien de remarquable à envisager qu’une femme puisse être présidente des États-Unis. » De là à imaginer une femme présidente en 2016, il n’y a qu’un pas ? Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Condoleeza Rice ou Michelle Obama pourraient bien se tenir dans les starting-blocks…
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