CNN aurait mieux fait de s’abstenir. En publiant sur son site internet une étude non vérifiée et non encore publiée qui suppose que les hormones des femmes influencent leurs choix électoraux, la chaîne de télévision américaine a provoqué un véritable tollé. Devant les 282 commentaires de lecteurs en colère et les réactions de ses pairs, CNN a rapidement retiré l’article qui débutait par « Pendant que les deux camps se battent pour le vote des femmes, voici quelque chose qui pourrait augmenter leurs chances de victoire, mais sur laquelle ils n'ont aucun contrôle : les cycles de menstruation des femmes ».
Ladite étude menée par Kristina Durante, professeure de marketing à l’université du Texas, compile les réponses de 275 femmes interrogées via Internet et dont 55% sont en couple. Il en ressort que pendant leur « période fertile », les célibataires opteraient plutôt pour un bulletin Obama qu’un Romney et que ces dernières sont souvent « moins religieuses ». Ces résultats devraient être publiés dans le journal Psychological Science pour être critiqués par la profession des chercheurs. Une étape que la chaîne d’information en continu a vraisemblablement occultée.
Mais pour nuancer le propos, l’auteure de l’article incriminé a tout de même relaté les réserves de certaines personnalités politiques ainsi que l’avis de Susan Caroll, professeure de sciences politiques à l’université du New Jersey : « Ces conclusions s’inscrivent dans la longue et troublante tradition d'utiliser les hormones des femmes comme une excuse pour les exclure de l'arène politique ». Avant d’expliquer sa démarche sur Twitter : « C’est une étude qui doit être publiée dans une revue à comité de lecture et qui inclut du scepticisme. »
Tandis que le blog Jezebel titrait « CNN pense que les femmes, insensées, ne peuvent pas s'empêcher de voter avec leur vagin plutôt qu'avec leur tête », le New York Mag se moquait ouvertement de sa consœur : « Veuillez s'il vous plaît avoir la gentillesse d'indiquer à Nate Silver (un statisticien américain) la date de vos dernières règles et votre statut marital afin qu'il puisse comprendre une bonne fois pour toute qui va gagner ce truc le 6 novembre ». Finalement, c’est Susan Caroll qui résume le mieux la situation en concluant : « On a souvent cru qu'une femme ne pourrait jamais être présidente des États-Unis car, Dieu nous préserve, une crise internationale pourrait avoir lieu pendant ses règles ! »
Crédit photo : AFP
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