Entre 1% et 3% de la population européenne est allergique à des ingrédients présents dans les parfums. À Bruxelles, la Commission européenne s’est emparée du sujet et envisagerait très concrètement d’adopter une législation qui restreindrait la liste des ingrédients naturels utilisés par les parfumeurs. Le hic ? L’application de cette mesure menacerait directement des grands noms de la parfumerie, les forçant à modifier les recettes des fragrances les plus prestigieuses : N°5 de Chanel (créé en 1921), Shalimar de Guerlain ou encore Miss Dior de la célèbre maison de couture française sont ainsi menacés. Et au-delà, ce sont tous les parfumeurs qui voient d’un très mauvais œil cette possible restriction des produits utilisables dans leurs jus : une centaine de petits producteurs devraient ainsi modifier leurs recettes et les odeurs créées.
Suivant les recommandations rendues fin juin par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (SCCS), la Commission européenne souhaiterait limiter la concentration de douze ingrédients à 0,01% du produit fini. Parmi la liste des produits concernés, on retrouve la fève de Tonka, le citral, présent dans les huiles de citron et de mandarine, les mousses d’arbre, ou encore l’eugénol, présent dans l’essence de rose.
Face à ces possibles restrictions qui la contraindraient à modifier en profondeur des recettes à succès, l’industrie du luxe s’alarme. « Ces ingrédients sont l'épine dorsale d'environ 90% des parfums de luxe », assure ainsi Pierre Sivac, président de l'Association internationales des parfums. « Cela serait la fin de parfums magnifiques si nous ne pouvons utiliser ces ingrédients », s’est quant à elle inquiétée auprès de Reuters Françoise Montenay, présidente non exécutive de Chanel. « Il est essentiel de préserver l'héritage culturel olfactif de l'Europe », a souligné LVMH dans un communiqué, tout en reconnaissant que le bien-être des consommateurs était une « inquiétude majeure ».
Devant la levée de boucliers des parfumeurs, la Commission européenne a fait savoir qu'elle était en discussion avec les parties concernées, afin d’évaluer les recommandations du SCCS et leur impact potentiel sur l'industrie, et qu'aucun calendrier n’était prévu pour le moment.
Crédit photo : Creatas
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