Sans raison, la photo de Dana Bakdounis, une jeune Syrienne engagée pour défendre le droit des femmes arabes à l'égalité, a momentanément disparu de la page Facebook « The Uprising of Women in the Arab World ». Les modérateurs du réseau social n'ont fourni aucune explication et, après cinq jours de censure, Facebook a republié l’image le 31 octobre dernier. Sur ce cliché, la jeune militante s’affiche sans son voile, les cheveux courts, le regard assuré et brandit une feuille de papier où est écrit en arabe et en anglais le message : « Je soutiens le soulèvement des femmes dans le monde arabe parce que pendant vingt ans je n’avais pas le droit de sentir le vent dans mes cheveux ni sur mon corps ». Elle tend également à bout de bras son passeport où la photo la montre recouverte d’un niqab.
Alertée par cette censure, les créatrices du cyber-mouvement, les Libanaises Yalda Younès et Diala Haïdar, la Palestinienne Farah Barqaoui et l’Egyptienne Sally Zohney tentent d’obtenir des explications auprès de Facebook dès le 26 octobre, jour de la dépublication. Deux jours après, pour renforcer leur revendication, elles appellent les internautes à diffuser massivement la photo de Dana Bakdounis sur les réseaux sociaux. Du côté de Facebook, c'est le silence radio. Seule Yalda Younès, administratrice de la page « The Uprising of Women in the Arab World » reçoit des avertissements « officiels » : son compte personnel fait l'objet de suspensions à répétition.
Finalement, alors que Facebook republie la photo de Dana Bakdounis fin octobre, il envoie simultanément à toutes les administratrices de la page cette fois un avertissement avant la suppression définitive de leur compte respectif. En cause selon le message : un appel au soutien de Dana Bakdounis sur Twitter, un réseau concurrent. Motifs flous, réponses au compte-goutte, chantage à la suppression définitive, Facebook n’est pas clair dans ses intentions. Une attitude qui sidère les cybermilitantes. Persuadées d'être censurées pour leur action et non pour des raisons purement réglementaires, elles continuent le combat : « Cela soulève des questions sérieuses sur les intentions réelles et la politique de Facebook. Et l'on se demande si la photo controversée de Dana n’est pas simplement une excuse pour faire taire la voix du soulèvement des femmes dans le monde arabe ». A ce jour, plus de 65 000 personnes soutiennent la page « The Uprising of Women in the Arab World ».
Mise à jour le 14 novembre
Appelé à se justifier, Facebook a concédé une erreur interne et a assuré, via un porte-parole de la branche française, que "le profil des administratrices a ou va être rétabli prochainement. Nous sommes très attachés à la liberté d'expression".
Crédit photo : essentielle.be
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