Les médias Français l’ont pris en pleine face. Après six mois d’acharnement contre la « Frondeuse », pour n’utiliser que le plus aimable des sobriquets qu’on a attribués à Valérie Trierweiler, une journaliste britannique dénonce le traitement sexiste et machiste infligé à la nouvelle première dame. Dans un portrait publié le 10 novembre dans les pages du quotidien britannique The Guardian, Elizabeth Day, reporter, revient sur le début de quinquennat de la compagne de François Hollande et tente de comprendre le personnage.
Pour point de départ l’éditorialiste reprend cette phrase que Valérie T. aurait prononcée alors qu’elle conseillait le nouveau président sur sa tenue vestimentaire, pour la première photo officielle du gouvernement : « Ne t’attends pas à ce que je ne fasse que cela dorénavant ». Pour la journaliste, le mot explique tout le reste, et ce refus de jouer le rôle de la femme soumise et flexible est « rafraîchissant ». Elle s’étonne ainsi du désamour des Français pour cette first lady nouvelle génération, et tente de l’expliquer : « la France reste une société profondément sexiste où l’on attend des femmes qu’elles rentrent sans rechigner dans des cases », ce qui expliquerait pourquoi les Français ne « savent pas quoi faire d’elle ». Une première dame qui apparaît tantôt comme « la femme forte qui s’est faite seule et a gravi les échelons de la société », et « la femme capable d’éclats de jalousie au risque de mettre dans l’embarras son compagnon et ses électeurs ».
La journaliste poursuit en faisant allusion aux rumeurs divulguées dans l’essai « La Frondeuse » de Christophe Jakubyszyn et Alix Bouilhaguet. On y apprend que Valérie T. aurait eu une relation avec Patrick Devedjan, au moment où elle était déjà la maîtresse de François Hollande, et que celui-ci vivait toujours sous le même toit que Ségolène Royal. « Trierweiler a beau poursuivre les auteurs pour cette accusation de "ménage à six", la rumeur persiste, et malgré la tolérance relative des Parisiens mondains pour l’adultère, il reste en toile de fond cette idée –injuste, peut-être- que Trierweiler se sert de ses attributs féminins pour avancer », analyse E. Day. Pour elle, la première dame est également mal vue parce qu’elle ne respecte pas le protocole. La France est ainsi désignée comme une monarchie déguisée « sur certains aspect », avec une présidence qui impose son décorum et son étiquette.
Interrogée par le site JOL Press, la journaliste britannique ne s’est pas reniée en confiant la « fascination » britannique pour les first ladies françaises, et son intérêt pour la nouvelle occupante de l’Elysée. Face à cette personnalité hors du commun confrontée à un dilemme entre son indépendance et sa carrière professionnelle, et son rôle de « girlfriend », contrainte de renoncer à une partie d’elle-même contre son gré, elle estime que la réaction de la société française révèle sa culture encore marquée par le machisme : « Je pense que la société française est aujourd’hui plus sexiste que la société britannique ou que, en tout cas, demeurent tolérés en France des éléments culturels, hérités du passé, dans la vision du rôle des femmes qui n’ont désormais plus lieu d’être au Royaume-Uni. » Une accusation qu’elle étaye en citant le faible nombre de femmes qui se sont élevées au sommet de l’Etat : « La candidate Ségolène Royal a souffert, à mon sens, d’être une femme lors de la présidentielle de 2007 », quant à Edith Cresson, la seule et la première femme « Première ministre », « elle a été détruite politiquement ».
Selon la Britannique, en France, les femmes sont maintenues dans des rôles « convenus » plus qu’au Royaume-Uni, et c’est bien dommage. « Quel que soit le rôle qu’elle endosse en tant que first lady, ce serait une honte si toute cette affaire n’aboutissait qu’à lui faire choisir les costumes et les cravates de son homme ». Sur ce point, on ne peut qu'approuver.
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