Déjà privées du droit de conduire, de sortir sans leur voile ou de se mélanger à la population masculine, les Saoudiennes n’ont pas non plus la possibilité de voyager sans autorisation. En effet, les services de l’émigration du pays ont mis en place un système électronique permettant d’alerter leur famille dès l’instant où elles quittent le territoire national.
Concrètement, le « gardien » de chaque Saoudienne, qui peut être aussi bien son époux, que son frère, son fils, son père ou un simple tuteur, reçoit un SMS l’avertissant que la femme placée sous son autorité a franchi les frontières de l’Arabie saoudite. L’information a été relayée sur Twitter par Manal Al-Charif, icône de la campagne pour obtenir le droit des femmes à conduire, la militante ayant elle-même été alertée par un couple dont l’homme, qui voyageait en compagnie de son épouse, a reçu un texto des autorités l'avertissant que cette dernière avait « quitté l'aéroport international de Ryad ».
Bien sûr, les réactions suite à cette information ne se sont pas fait attendre. Dénonçant « l'état d'esclavage dans lequel est maintenue la femme saoudienne », la romancière et éditorialiste Badriya al-Bichr a ainsi déploré que « les autorités aient recours à la technologie pour surveiller les femmes. Ils veulent garder les femmes prisonnières ». Et d’ajouter : « le gouvernement ferait mieux de s'occuper des femmes soumises à la violence familiale ».
Dans ce royaume qui défend une application très rigoriste de l’Islam, les femmes ont finalement obtenu le droit de vote en 2011, sous l’impulsion du roi Abdallah, un prudent réformateur. Mais elles ne pourront se rendre aux urnes qu’à partir des prochaines élections municipales, en 2015. En dehors de cette timide avancée, « l'establishment religieux » en place, comme le nomme la militante Souad Al-Chammari, maintient les restrictions sur les femmes qui sont « traitées comme des mineures toute leur vie, même si elles occupent des postes élevés ».
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