Dans une lettre ouverte baptisée « NON à la guerre par procuration », publiée dans son intégralité par Slate Afrique, Aminata Traoré, une illustre féministe, et de nombreuses personnalités du Mali, dénoncent les atrocités provoquées par la séparation du pays entre territoires rebelles et régions sous le joug de Bamako, particulièrement à l’encontre des femmes : « Nous avons, de ce fait, nous femmes du Mali, un rôle historique à jouer, ici et maintenant, dans la défense de nos droits humains contre trois formes de fondamentalisme : le religieux à travers l’islam radical; l’économique à travers le tout marché; le politique à travers la démocratie formelle, corrompue et corruptrice. »
Pour commencer, elles dénoncent le déni de démocratie de la Cédéao, la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest, de l'UA, l’Union Africaine, et des Nations unies qui prétendent « corriger ainsi les conséquences d'une guerre injuste par une guerre tout aussi injuste ». Et donnent en exemple la guerre en Libye, véritable fiasco pour l’autorité de l’Union Africaine qui, selon elles, n’aurait pas « médité les enseignements de la chute du régime de Mouammar Kadhafi ». Ces femmes rappellent ensuite que les zones de grande précarité et instables sont propices au développement de la prostitution qui pourrait provoquer une recrudescence de la propagation du Sida. Le problème du viol des femmes et des fillettes comme arme de guerre est aussi une des revendications du manifeste pour alerter toutes les parties qui tentent de gérer le conflit.
Concernant les principaux dirigeants impliqués dans le plan d’intervention au Mali, elles soulignent leurs incohérences. De François Hollande qui souligne les souffrances de femmes « premières victimes des violences de guerre » mais qui refuse de négocier avec les rebelles, à Hillary Clinton et Ban Ki Moon qui, malgré des promesses pour « mettre fin à la violence contre les femmes » d’Afrique, souhaitent avant tout arriver à un règlement rapide de la guerre comme en Côte d’Ivoire ou en Libye, les « femmes du Mali » sont intransigeantes. Même Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la commission de l’UA, est accusée de dissimuler aux femmes les réels enjeux économiques de ce conflit.
Finalement, elles rappellent que toute la population malienne est otage, ballottée entre les groupes islamistes qui imposent la charia, les rebelles touaregs qui tentent de récupérer des bouts de territoire, des autorités officielles complètement dépassées et des organisations internationales qui ne prennent pas en considération la situation des Maliens. Et de conclure que « toutes celles et tous ceux qui partagent notre approche d'interpeller immédiatement les principaux acteurs de la communauté internationale, par écrit ou sous toute autre forme d’expression, en plaidant pour que le Conseil de Sécurité n'adopte pas une résolution autorisant le déploiement de milliers de soldats au Mali. »
Crédit photo : Facebook/Aminata Traoré / Slate Afrique
Mali : un couple illégitime reçoit 100 coups de fouet des islamistes
Mali : 3 morts et 40 blessés depuis le coup d'État militaire
Mali : les rebelles Touareg contrôlent Tombouctou et coupent le pays en deux
Une association pour les femmes et les enfants de Kadiolo au Mali