Depuis quatre mois, deux des trois membres des Pussy Riot jugées pendant l’été sont emprisonnées dans un camp pénitentiaire russe pour avoir prononcé une « prière anti-Poutine » en février dans une église orthodoxe de Moscou, manifestation qualifiée d’ « hooliganisme » et d’ « incitation à la haine religieuse » par la justice du pays.
Nadejda Tolokonnikova est détenue dans un camp de Mordovie tandis que Maria Alekhina est elle dans la colonie pénitentiaire numéro 28, dans la région de Perm dans la chaîne montagneuse de l’Oural, rapporte l’Humanité. La jeune femme de 24 ans, qui purge une peine de deux ans, raconte son calvaire dans une lettre publiée lundi 17 décembre par l’hebdomadaire russe New Times : « C’est une anti-vie. Tout est gris aux alentours, et même si quelque chose est d'une autre couleur, il y a toujours une nuance de gris dedans. Tout : les bâtiments, la nourriture, le ciel, les mots. »
Elle décrit ses premiers mois dans la « zone », le terme employé pour désigner les camps pénitentiaires russes depuis les années soviétiques. Elle vit pour l’instant dans un quartier de quarantaine, où on habitue les prisonnières au rythme de vie durant quelques jours. Le programme est austère et difficile à vivre pour cette jeune mère d’un enfant en bas âge : réveil à 5h30, passage par les sanitaires avec trois lavabos et deux cabinets de toilettes pour quarante détenues, lecture systématique et obligatoire du règlement intérieur du camp quotidiennement, prière vivement conseillée,…
Maria Alekhina décrypte les us et coutumes de son enfer avec détachement : « Le moyen de pression est la libération anticipée ». Et explique que pour y parvenir, les prisonnières doivent « coudre 12 heures par jour pour 1 000 roubles (25 euros, ndlr) par mois, ne pas se plaindre, dénoncer et piéger, renoncer à ses derniers principes, se taire et endurer, s'habituer ». Bref s’endurcir et ne penser qu'à soi pour espérer survivre à ces deux années d’enfermement forcé à près de 1 500 km de Moscou.
Crédit photo : Abaca
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