« On veut s’entraider, pour élever nos enfants et pour bien s’occuper de nos vieux. Alors grouillez-vous pour créer un système fiable et solide qui nous le permettra. » Ceci est une extrait du manifeste du Parti national des ménagères du Japon. En révolte contre la classe politique japonaise presque exclusivement masculine, un groupe de femmes s’est réuni pour créer le parti « obachan » qui signifie « ménagères d’âge mûr ». Devant l’immobilisme des réformes pour la parité et l’emploi dans le pays, elles ont créé sur Internet un groupe Facebook qui compte déjà plus de mille adeptes. Mayumi Taniguchi, une des leaders du mouvement, a été interviewée par le journal national Mainichi Shimbun : « La politique d’aujourd’hui est une politique de vieux schnocks, faite par de vieux schnocks pour de vieux schnocks. Vous vous rendez compte ? Au classement des inégalités entre les hommes et les femmes – établi par le Forum économique mondial selon quatre critères : l’éducation, la santé, l’insertion dans la vie économique et politique –, le Japon est classé cette année 101e sur 135 ! ». De quoi « faire retourner dans sa tombe la féministe Fusae Ichikawa » héroïne du combat pour le droit de vote des femmes.
Très axé sur la parité et la mixité sociale, le parti n'est pas réservé à l’élite féminine issue des professions médicales entre autres mais souhaite toucher les femmes les plus modestes, actives comme inactives professionnellement. Les membres y traitent de tous les sujets car « la vie quotidienne est indissociable de la politique ». De l’Afghanistan au « pipi au lit des enfants » en passant par la ménopause et les déchets nucléaires, les Japonaises ont faim d'action politique. Une envie bien souvent réfrénée : « [Une membre du parti] m’a confié que, alors qu’elle parlait de politique avec son fils, sa belle-mère l’a interrompue en lui disant qu’une femme n’avait pas à se mêler de ces choses… », raconte Mayumi. Cette initiative a réveillé bien des consciences, mais la militante reste sur ses gardes et lucide devant les enjeux et le chemin restant à parcourir : « Trop souvent, nous n’avons pas la place qui nous serait due dans la société japonaise, une conséquence directe de l’idée selon laquelle une femme perd de sa valeur au fil des années (…) Même si c’est une femme qui s’est montrée à la tête d’un troisième pôle politique [le Parti de l’avenir du Japon, fondé par Yukiko Kada], je vois encore l’ombre d’un vieux schnock qui en tient les rênes ».
Salima Bahia
Crédit photo : Facebook / All Japan Obachan Party
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