Ce sont près des deux tiers des électeurs égyptiens qui ont approuvé ce week-end la nouvelle Constitution islamiste. Les résultats définitifs officiels seront publiés ce lundi, mais d’ores et déjà les femmes égyptiennes accusent le choc et savent que la bataille pour leurs droits vient de subir une lourde défaite. Car la victoire du « oui » à cette constitution, rédigée par un conseil dominé par les islamistes, signifie que ce texte boycotté par les chrétiens et les libéraux devrait entrer en vigueur dès cette semaine. Un texte qui, sur les 234 articles qu’il contient, ne présente pas une seule ligne sur les droits des femmes et dont a été supprimée la mention du droit à l’éducation des filles. Seul l’article 10 du projet de Constitution évoquait le rôle des femmes, principalement circonscrit à la sphère familiale, les présentant comme des « garantes de la famille », précisant que l'État devra assurer « l’équilibre entre le travail de la femme dans sa famille et dans la sphère publique. »
Le site allemand Deutsche Welle rapporte la réaction de Nihad Abou El Konsam, avocate égyptienne et présidente du centre égyptien pour les droits des femmes, au résultat des élections : « C'est un désastre. Il n'y a pas un seul article dans le projet de constitution qui mentionne les droits des femmes », analyse-t-elle. Selon les sources officielles - à savoir les Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, et les médias d’État -, 64 % des votants ont approuvé le texte sur les deux phases du scrutin, les 15 et 22 décembre derniers. L’opposition quant à elle dénonce des fraudes dans les bureaux de vote. Alors que les femmes ont été omniprésentes ces dernières semaines dans les manifestations, à Alexandrie ou au Caire, pour défendre leurs droits, reste à voir si le « oui » à la constitution les fera descendre à nouveau dans les rues pour protester.
Crédit photo : Abaca
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