Dieu serait-il une femme ? La question s’est posée il y a une semaine, alors que le journal allemand Die Zeit publiait le 20 décembre un entretien avec la ministre de la Famille, Kristina Schröder, portant sur l’éducation. Au journaliste qui lui demande s’il est « compliqué de parler de Dieu au masculin à (sa) petite fille ? », la responsable politique répond : « C’est très simple : chacun devrait décider pour soi-même. L’article est sans signification ». Kristina Schröder a par ailleurs estimé que l’emploi du neutre ferait tout aussi bien l’affaire pour évoquer Dieu, la langue allemande comprenant le masculin, le féminin et le neutre. Cette déclaration a fait l’effet d’une petite bombe grammaticalo-théologique en Allemagne et a rapidement soulevé de vives protestations.
Ce sont tout particulièrement les collègues de Mme Schröder, les membres de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), parti de la chancelière Angela Merkel, qui ont fait entendre leur voix. Ainsi, l’élue bavaroise Christine Haderthauer, interviewée par le tabloïd Bild s’est dite « muette devant une telle stupidité ». « Je trouve que c’est triste de retirer à nos enfants les images fortes qui sont si importantes pour leur imagination au nom (…) du politiquement correct », a-t-elle ajouté. « Pour nous, chrétiens, Dieu est manifestement le père. Il doit en rester ainsi », a renchéri Norbert Geis, un autre élu. Une question qui s’est du coup invitée dans la traditionnelle conférence de presse des porte-parole de chaque ministère, un rendez-vous essentiel du gouvernement allemand. À cette occasion, le porte-parole de Kristina Schröder a tenté de rectifier le tir en citant la Bible, ainsi que des ouvrages de Benoît XVI et en assurant que « bien évidemment, Dieu n’est ni homme ni femme. Je fais plus confiance au spécialiste (le pape) qu’à ceux qui critiquent la ministre ». Dieu seul sait si son argument sera entendu.
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