Le calvaire de « La Fille de l'Inde » donnera-t-il naissance à une nouvelle législation pour la protection des femmes en Inde ? Après le décès de cette étudiante de 23 ans, violée par six hommes et agressée sexuellement avec une barre de fer rouillée dans un minibus à New Delhi le 16 décembre dernier, la société est sous le choc et exige réparations et changements. Après plusieurs manifestations anti-viol qui ont mobilisé notamment la ministre de l'Etat de Delhi Sheila Dikshit, les autorités ont envoyé un premier signal fort pour garantir une justice efficace et des procédures plus rapides dans les affaires de viol.
Les six agresseurs de la jeune femme et de son compagnon, tabassé lui aussi, seront jugés à partir du 3 janvier dans un procès inédit, puisqu'il sera le premier cas traité par la Cour spéciale dédiée aux crimes commis contre les femmes. Ce tribunal a été inauguré mercredi 2 janvier par le président de la Cour suprême de l'Inde, Altamas Kabir, à Saket dans le Sud de New Delhi. Les six jeunes hommes, parmi lesquels un mineur de 17 ans qui sera jugé par un tribunal pour mineurs, comparaîtront pour viol collectif, assassinat et tentative de destruction de preuves.
D'après une déclaration publique du ministre de l'Intérieur du gouvernement indien, Sushil Kumar Shinde, les preuves récoltées et « l'atrocité du crime » justifient que la police réclame la peine de mort. D'après les autorités, le procès pourrait durer un mois. Il commencera par l'exposé d'un rapport de 1000 pages par la police, détaillant les faits et leur déroulement le 16 décembre dernier, lorsque le jeune couple et sorti du cinéma et qu'il a été incité à monter dans un minibus, les coups, les viols, jusqu'au moment où les deux jeunes gens ont été débarqués dans la rue et où l'on a tenté de les écraser avec le bus. Une trentaine de témoins devraient être cités comme preuves, parmi celles-ci deux enregistrements audio de la jeune femme, juste avant son décès –survenu le 29 décembre dans un hôpital de Singapour-, des rapports scientifiques et médicaux, et des images de vidéosurveillance.
Cette nouvelle Cour spéciale constitue une première réponse à un mouvement général de protestation en Inde contre l'absence de protection des femmes victimes de viols ou de violences. Un viol serait signalé aux autorités toutes les 20 minutes dans le pays, mais seulement 26,4% des procès pour viol ont abouti à une condamnation des accusés. La haute-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, en appelait la semaine dernière à l'ouverture d'un « débat d'urgence » en Inde. « Il s'agit d'un problème national qui touche des femmes de toutes les classes et castes, et qui requiert des solutions nationales », a-t-elle affirmé. Il semble qu'elle ait été entendue. Le gouvernement a annoncé la présentation d'un projet de loi en février prochain afin de punir plus sévèrement les violeurs.
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