Trois ans après la polémique de la fillette de 8 ans, mariée de force par son père à un cousin quinquagénaire, l’Arabie saoudite vient d’augmenter l’âge minimum du mariage pour les filles. Ce dernier est désormais fixé à 16 ans, et sera encadré par la loi afin de protéger les enfants. Le contrat de mariage sera officialisé devant une instance juridique et la jeune fille devra faire part de son accord devant le juge. Par ailleurs, l’union ne pourra être validée sans des examens médicaux préalables des deux époux.
Cette mesure constitue une vraie avancée dans la protection des jeunes filles au lendemain d’une session extraordinaire de la Commission de la condition de la femme des Nations unies, consacrée aux mariages d’enfants. Selon le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), plus de 140 millions de filles se seront mariées entre 2011 et 2020. Et si la tendance actuelle se poursuit, 14,2 millions de filles par an, soit 39 000 par jour, se seront mariées trop jeunes. En outre, sur les 140 millions de filles qui se seront mariées avant l’âge de 18 ans, 50 millions auront moins de 15 ans.
Une situation intolérable pour Babatunde Osotimehin, directeur exécutif de l’UNFPA. « Le mariage d’enfants est une violation épouvantable des droits de l’homme qui prive les jeunes filles de leur éducation, de leur santé et de leur avenir », déplore-t-il. Et d’ajouter : « Une enfant qui se marie ne pourra pas s’épanouir. » Les Nations unies rappellent par ailleurs que les filles qui se marient jeunes sont plus exposées que les autres à la violence de leur partenaire et aux abus sexuels. « Un mariage précoce expose beaucoup plus les filles à de graves risques pour leur santé liés à la grossesse et à l’accouchement – et leurs enfants sont plus exposés aux complications liées à un accouchement prématuré », fait également savoir Anthony Lake, directeur général de l’Unicef.
À noter que le mariage des enfants est un fléau mondial dont les taux varient considérablement entre les pays et à l’intérieur de chaque pays. Ainsi, c’est en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud que la pratique est la plus développée avec respectivement plus du tiers et près de la moitié des jeunes filles mariées avant 18 ans. Y mettre fin est une cause étroitement liée à l’initiative « Chaque femme, chaque enfant » du secrétaire général de l’Onu Ban Ki-Moon, afin de promouvoir l’égalité des sexes, réduire la mortalité de l’enfant et améliorer la santé maternelle. Dans ce cadre, il réitère son souhait de voir « les gouvernements, les chefs des communautés et les chefs religieux, la société civile, le secteur privé, et les familles jouer le rôle qui leur revient pour que les filles soient considérées comme des filles, et non comme de futures mariées ».
La 1ère Journée internationale de la fille condamne les mariages forcés
Recul des mariages forcés en France
Mariages forcés : vers un durcissement de la loi
D'où vient le mariage?