Amina Tyler n’a pas vraiment apprécié le coup d’éclat de ses sœurs françaises du mouvement Femen. Mercredi dernier, pour la soutenir alors qu’elle était menacée de lapidation en Tunisie, des activistes ont brûlé un drapeau salafiste devant la Grande Mosquée de Paris. Dans une interview diffusée le 6 avril sur Canal + dans l’émission « L'Effet papillon », Amina critique ce geste radical, et craint qu’il ne lui fasse plus de mal que de bien, en donnant à penser qu’elle l’a encouragé voire initié ». Selon Amina, ses consœurs ont insulté tous les musulmans en intervenant devant une mosquée. Présent lors de l’interview, le père d’Amina confirme : « Nous sommes une famille très musulmane, assure-t-il. Je comprends qu’on s’exprime pour défendre les droits des femmes mais une image qui peut choquer la société c’est une image qui nous fait peur ». De fait, la famille aurait enlevé Amina pour la protéger.
Première Femen engagée en Tunisie, Amina Tyler a déclenché une vraie polémique en postant des photos d’elle seins nus sur son profil Facebook, selon le mot d’ordre du mouvement. Quelques jours plus tard, alors que les menaces de mort s’accumulaient et notamment de la part d’un prédicateur islamiste, la jeune sextrémiste disparaissait, laissant ses amis proches sans nouvelles. On apprenait alors que l’étudiante avait été emmenée de force par sa famille alors qu’elle était dans un café de Tunis. Interrogée sur cet épisode, Amina confirme l’enlèvement : « Ma famille m’a trouvée dans un café et m’a ramenée à la maison, mon cousin a cassé la puce de mon téléphone, il m’a frappée et après nous sommes partis pour une autre ville ». Alors qu'une journaliste de Marianne avait évoqué un traitement médicamenteux qui lui aurait été infligé de force, la jeune femme n'y a pas fait allusion et semble en bonne santé, souriant même parfois à son père.
Si la jeune femme parle aux journalistes, c’est donc de son propre aveu parce que sa tante l’y a autorisée. Son père dit avoir « peur pour elle » après les menaces reçues. « Je dois quitter la Tunisie car j’ai reçu beaucoup de menaces de mort, confie-t-elle, et j’ai peur pour ma vie et la vie de ma famille, surtout lorsqu’on entend les rumeurs sur les salafistes et les islamistes, et ce qu’ils veulent faire de moi ». Sur son téléphone portable et via Facebook, Amina aurait reçu de nombreux messages comme celui-ci : « tu vas mourir, on va mettre de l’acide sur ton visage ». Souffrant aussi de ne plus être acceptée à l’école, Amina espère peut-être intégrer une école privée, mais souhaite par-dessus tout quitter le pays et sa famille pour étudier dans un internat. Elle veut devenir journaliste. Malgré sa situation, elle ne regrette pas son engagement et continue à soutenir les Femen, parce que ce sont de « vraies féministes ».
Voir l'interview d'Amina dans « l'Effet papillon »