L’image a de quoi choquer. Plutôt que d’organiser des castings, des concours de beauté ou de chasser la perle rare en pleine ville, des agences de mannequinat suédoises n’ont pas hésité à se poster aux alentours du plus grand hôpital de Stockholm consacré au traitement des troubles alimentaires. Sur les 1 700 patients soignés, une grande majorité est en effet constituée de jeunes filles traitées pour anorexie. C’est la directrice de ce centre de soins qui s’est adressée à l’agence de presse nationale TT pour s’indigner contre ces pratiques observées il y a quelques mois.
Sans citer les agences mises en cause, Anna-Maria af Sandeberg, directrice du Centre de Stockholm pour les troubles alimentaires, décrit les méthodes de ces rabatteurs d’agence, chargés d’attirer les jeunes pensionnaires hospitalisées à des heures étudiées. « Ils étaient à l’extérieur du bâtiment et attendaient que les jeunes filles sortent en promenade », explique-t-elle, ajoutant que depuis, les horaires de l’établissement ont été modifiés… Indignée, la directrice se souvient que l’une des filles contactées par ces chasseurs de tête « était alors en fauteuil roulant tellement elle était maigre ».
Les réactions du milieu de la mode en Suède ne se sont pas fait attendre, unanimes pour condamner le procédé. Fredo Kazemi, directeur de l’agence Elite Model Management à Stockholm, qualifiant la démarche de « répugnante et contraire à l’éthique ». Et d’ajouter : « Je ne crois pas qu’une agence sérieuse travaille de cette manière. »
Reste que cette histoire intervient quelques semaines après les révélations d’une ex-dirigeante du magazine Vogue sur le milieu de la mode et les pratiques douteuses des mannequins pour rester minces, ou plutôt maigres. Régulièrement épinglées pour faire travailler des filles de plus en plus jeunes et de plus en plus rachitiques, les agences de modèles et les maisons de couture tâchent de faire preuve de bonne volonté. Si Karl Lagerfeld a promis que « personne dans la mode ne travaille avec des anorexiques », certaines images des derniers défilés de la Fashion Week parisienne laissent perplexe.
Le remède le plus efficace à cette course à la maigreur reste sans doute la contrainte par la loi et les réglementations. À ce jour, seuls deux pays ont osé imposer un poids minimal aux mannequins professionnels : l’Espagne et Israël. Mais les bonnes pratiques peuvent aussi être encouragées par la presse féminine : l’an dernier, le groupe Vogue s’engageait à s’assurer de la bonne santé de ses modèles, et vient de signer une charte sur les conditions de travail de ses mannequins.
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