C’est sous les huées, les insultes et les « dégage ! » des hommes présents qu’Amina Tyler, la première Femen tunisienne, a été arrêtée par les forces de l’ordre de son pays, dimanche dernier, en marge des émeutes de Kairouan, à 150 kilomètres de Tunis. Elle venait de taguer le nom du mouvement féministe ukrainien, « Femen », sur un muret de pierre, aux abords de la mosquée Oqba-Ibn-Nafaâ, située dans cette ville sainte et qui devait initialement accueillir le rassemblement des salafistes d’Ansar Ashriaa.
Une interpellation condamnée par Caroline Fourest
Les activistes des Femen ayant pour habitude de mener leurs actions les seins nus et couverts de slogans, le ministère de l’Intérieur tunisien a justifié cette arrestation par le fait qu’Amina Tyler s’apprêtait également à « exécuter un geste contraire à la pudeur ». Soutien reconnu de la jeune militante, l’essayiste Caroline Fourest a immédiatement condamné cette interpellation sur les réseaux sociaux. « En Tunisie, même pas besoin de soulever son T-shirt. Taguer "FEMEN" sur un mur semble déjà considéré comme un attentat à la pudeur », a-t-elle posté sur Twitter.
Mais alors que le gouvernement avait interdit la tenue du congrès salafistes, plusieurs médias tunisiens avancent que l’arrestation d’Amina Tyler visait avant tout à la protéger. Âgée de 19 ans, la jeune femme avait fait scandale en Tunisie, à la mi-mars, en publiant sur Facebook des photos d’elle, seins nus, barrés des messages « Mon corps m'appartient, il ne représente l'honneur de personne » ou encore « F**k your morals ». Séquestrée par sa famille, elle avait réussi à fuir en avril dernier, s’était teint les cheveux en blond pour devenir méconnaissable et avait tenté une action à Tunis, le 1er mai, lors d’une manifestation de l’opposition.