C’est un scandale dont se seraient bien passés les États-Unis que le journal Le Monde vient de mettre en lumière. Croisant les données de son enquête et les chiffres du Pentagone, le quotidien révèle que les viols et autres agressions sexuelles sont monnaie courante dans l’armée américaine. En 2012, 26 000 militaires, hommes et femmes confondus, ont ainsi déclaré avoir subi « un contact sexuel non sollicité », allant de l’attouchement au viol, soit 70 agressions par jour. Et si les hommes ne sont pas épargnés par ce fléau, les femmes en sont les premières victimes. Le Pentagone estime que 30 % des 204 700 militaires américaines auraient déjà subi une agression sexuelle. Et c’est en Irak et en Afghanistan qu’elles seraient le plus exposées à ce type de violences. « En servant dans l’un de ces pays, une femme risque davantage d’être violée par un frère d’armes que blessée ou tuée par l’ennemi », note Le Monde.
Taboues depuis de longues années, les violences que subissent les militaires américains commencent à être rendues publiques, au risque de ternir l’image héroïque des soldats. En mai dernier, deux officiers, pourtant chargés de prévention contre le viol, étaient ainsi publiquement mis en cause. Des agresseurs envers lesquels le président des États-Unis Barack Obama s’est engagé à ne faire preuve d’aucune tolérance, insistant sur le fait qu’ils devraient être « tenus pour responsables, poursuivis, démis de leur fonctions, traduits en cour martiale, et renvoyés ».
Et pour que les paroles du chef de l’État se concrétisent, que les auteurs d’agressions ne bénéficient plus d’aucune impunité ou de la protection de l’armée - ce qui est le cas aujourd’hui -, une ancienne militaire s’est dressée en porte-parole de ces victimes. Violée par un officier lors de son arrivée dans la Marine en 1987, alors qu’elle n’avait que 18 ans, Ruth Moore a attendu 23 ans, avant que le département des anciens combattants ne reconnaisse les faits et lui verse une indemnité. Aujourd’hui âgée de 44 ans, elle défend désormais le Ruth Moore Act, un projet de loi facilitant la prise en charge des victimes militaires. Une nouvelle façon, pour elle, de « servir » son pays, « sans uniforme ».
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