En Italie comme en France, recourir à l'IVG pour mettre un terme à une grossesse non désirée est un droit. L'avortement est pourtant sérieusement compromis en Italie, comme le rapporte un article du Parisien. Légalisé depuis 1978, il est en effet de moins en moins pratiqué dans un pays où le catholicisme est encore très prégnant. Le site d'information AvortementIVG.com rapporte que le nombre d'IVG pratiquées sur le sol italien ne cesse de diminuer d'année en année. Alors qu'en 1982, 121 406 avortements ont été officiellement pratiqués, ils ne sont plus que 121 406 en 2008 à avoir été réalisés.
La faute, notamment, au conservatisme de nombreux gynécologues qui, au nom de l'objection de conscience, refusent de pratiquer l'avortement. En 2007, ils étaient 70% à invoquer cette clause morale pour ne pas pratiquer des IVG. Aujourd'hui, ce sont 80% des gynécologues italiens qui arguent l'objection de conscience, contraignant les jeunes femmes qui souhaitent avorter à la clandestinité.
Dans des propos rapportés par Le Parisien, un gynécologue de la région de Gênes explique pourtant que la diminution des IVG en Italie « n'a rien à voir avec l'objection de conscience ». S'il ne remet pas en cause cette baisse, il analyse que la procédure pour avorter en Italie, extrêmement complexe et coûteuse, décourage de nombreuses femmes souhaitant mettre un terme à leur grossesse : « Les femmes ont besoin de réserver. Il y a un premier enregistrement et elles doivent se présenter plusieurs fois. Beaucoup demandent à ce qu'il existe plus d'informations, plus d'éducation sur ces questions mais on nous répond qu'il manque de l'argent […] Dans ce pays, nous avons toujours tendance à travailler dans l'urgence. »
Le poids de l'Église catholique joue aussi dans cette tendance à la baisse. AvotementIVG.com rapporte notamment les campagnes anti-avortement des évêques et de l'épiscopat, ainsi que l'importance grandissante du Mouvement Pro Vita. En mai, le Pape François s'est lui aussi prononcé contre l'IVG, en demandant une « protection juridique de l'embryon. »
Ce climat peu propice à la prise en charge de leur interruption de grossesse pousse de nombreuses femmes vers les avortements clandestins, grâce à un médicament « miracle », le Cytotec. Prescrit pour soulager les ulcères gastriques, il est utilisé par les femmes souhaitant avorter, qui l'achètent clandestinement, même lorsqu'elles sont enceintes depuis plus de six mois. La prise du Cytotec n'est pourtant pas sans danger : en plus de provoquer la mort du fœtus, le médicament peut provoquer des hémorragies internes. Une jeune femme d'origine nigérienne vivant en Italie est ainsi tombée dans le coma après avoir avalé 98 comprimés de Cytotec. « Ce sont des jeunes femmes entre 20 et 30 ans. Elles arrivent souvent avec des amis, parfois elles sont ivres, pour ne pas souffrir », rapporte une infirmière, qui a souhaité garder l'anonymat. Ce phénomène, loin d'être anodin, risque pourtant de devenir une norme si rien n'est fait pour que les femmes puissent avorter dans des conditions sanitaires décentes et légales, l'avortement restant, malgré tout, autorisé par la loi italienne.