La nouvelle mode en Iran, c’est d’avoir un chien. Le problème, c’est que les autorités perçoivent dans cette tendance une atteinte aux mœurs islamiques, à tel point que désormais, promener son chien dans un lieu public est interdit, sous peine de voir l'animal confisqué, et le propriétaire mis à l’amende, selon de nouvelles mesures adoptées le mois dernier.
Car dans les coutumes musulmanes, les chiens vivant à l'intérieur du domicile sont « najes » (impurs en farsi).
Les propriétaires prennent alors leurs précautions : certains s'aventurent à promener leur chien tard le soir, quand d'autres n'osent tout simplement plus les emmener dans les endroits publics. Même les vétérinaires sont contraints de consulter à domicile pour les soins ou les vaccinations, car les propriétaires refusent de se déplacer.
Pour autant, les Iraniens ne se privent pas d'acheter un chien. Depuis une dizaine d'années, les plus aisés se paient une compagnie animale, témoin d'un certain niveau de vie et d'une ouverture aux mœurs occidentales. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir des chiens habillés de la tête aux pattes avec des vêtements de créateurs, ou se promener dans les beaux quartiers du nord de Téhéran.
« On vend de plus en plus de chiens ces dernières années », explique Soroush Mobakari, propriétaire d'une animalerie dans un centre commercial de Téhéran à l'AFP. « Nous vendons 15 à 20 chiens par mois, mais je connais des confrères qui en vendent bien plus », ajoute-t-il.
Mais depuis 2010, exposer des chiens dans les animaleries ou même faire de la publicité dans les médias est interdit. « Comme on n'a plus le droit d'avoir des chiens dans le magasin, je les amène une fois la vente conclue avec le futur propriétaire », explique Soroush Mobakari. Les ventes se font aussi de plus en plus par internet, où l'on trouve de nombreuses offres d'éleveurs ou de particuliers.
Déjà en 2011, les députés avaient demandé l'interdiction des chiens dans les appartements car ces animaux posaient un « problème culturel » et constituaient un danger pour la santé publique. L'année précédente, le Grand Ayatollah Naser Makarem Shirzi, qualifiait cette mode d' « imitation aveugle » de la culture occidentale, car « beaucoup d'Occidentaux préfèrent leur chien à leur femme ou à leur enfant », avertissant qu'elle mènerait à l'affaiblissement des valeurs familiales.
La Société iranienne contre la cruauté envers les animaux a quant à elle dénoncé des « arrestations généralisées de chiens » emmenés dans « des lieux inconnus » et, selon des propriétaires, affamés jusqu'à la mort. « Aucune loi n'interdit la possession ou le transport des chiens », a rappelé l'organisme dans une lettre ouverte.
Elodie Cohen Solal
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