Au collège pour filles d’Altrincham, réputé pour être l’une des meilleures écoles d’Angleterre, l’engagement de quelques adolescentes dans la cause féministe a dégénéré en une campagne de harcèlement des garçons contre les filles.
Jinan Younis, 17 ans, raconte dans les colonnes du Guardian comment elle a décide de créer la première association féministe de son école après avoir été agressée verbalement avec ses amies par un groupe d’hommes pendant une sortie de classe : « Ils ont commencé à siffler et à faire des commentaires d’ordre sexuel. Je leur ai demandé s’ils trouvaient approprié d’aborder un groupe de filles de 17 ans. La réponse a été très violente. Ils ont commencé à m’injurier, à me traiter de salope et ont lancé une tasse de café sur moi. »
De retour à l’école, elle décide de monter un groupe féministe, sans s’imaginer que les réactions des garçons de son entourage seraient aussi violentes que celles de ces hommes. Le harcèlement commence sur Twitter. On l’appelle la « salope féministe », on l’accuse d’entretenir « les conneries de filles », elle lit même un jour un commentaire relatif à ses origines : « Toute cette rage féministe n’empêchera pas ton oncle Sanjit de t’épouser à ta sortie de l’école. »
L’adolescente explique que la situation a empiré à mesure que l’association tentait de provoquer le débat et de soulever des questions. « Le féminisme ne signifie pas qu’elles n’aiment pas la B…, elles n’en ont juste pas trouvé une assez satisfaisante », écrit un garçon sur Twitter.
Lorsque les filles du groupe ont décidé de participer à une campagne nationale intitulée «Who needs feminism ? » (« Qui a besoin de féminisme… »), les choses sont allées encore plus loin. Il s’agissait de publier des photos-portraits de filles et de garçons debout avec un une pancarte où il était écrit « J’ai besoin du féminisme parce que… ».
« Quand nous avons mis ces photos en ligne, nous avons reçu un torrent de commentaires dégradants et à caractère sexuel », explique la jeune fille. Nous avons lu que nos « vagins militants » étaient « aussi secs que le Sahara », certaines d’entre nous ont vu des détails de leur vie sexuelle racontés en dessous des photos, d’autres ont reçu des menaces qui leur promettaient que les choses allaient devenir plus personnelles. »
Dans sa conclusion, la jeune militante n’appelle pas à l’aide mais regrette que la direction de son école n’ait pas pris de mesures contre ces intimidations, mais qu'elle ait au contraire demandé la dépublication de ces photos. « Il est ahurissant qu’une institution censée préparer des jeunes femmes à la vie adulte s’oppose aussi explicitement à notre engagement féministe. J’ai l’impression que l’école ne soutient pas ses filles dans une période cruciale de leur progression pour devenir des femmes fortes, capables de s’imposer et d’avoir confiance en elles ». L’école a répondu dans un commentaire qu’elle soutenait depuis le début Jinan et son projet, mais qu’elle devait avant tout protéger ses étudiantes, au sein de l’école et sur Internet.
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