Un groupe de jeunes hommes « qui repère une femme, l’encercle, la sépare de ses amis », avant de l’agresser, de lui arracher ses vêtements ou de la violer » : ce scénario s’est produit près d’une centaine de fois sur la place Tahrir en Égypte et dans les environs du Caire, où des millions de citoyens ont protesté pendant plusieurs jours contre le régime du président Mohamed Morsi, qui vient d’être démis de ses fonctions par l’armée. C’est l’organisation internationale Human Rights Watch (HRW) qui rapporte cette information à partir de témoignages recueillis auprès d’association locales. Ainsi, le 28 juin, cinq femmes auraient été agressées sexuellement, tandis que deux jours plus tard, ce sont 46 Égyptiennes qui ont été victimes d’un groupe d’hommes ayant profité des manifestations pour abuser d’elles. Le 1er juillet, elles seraient 17 à avoir subi ces violences et 23 autres le lendemain.
Au total, 91 cas d’agressions, certaines tournant au viol, auraient ainsi été recensés en l’espace d’une semaine. Certaines victimes, « battues avec des chaînes métalliques, des bâtons, des chaînes, et attaquées avec des couteaux », ont dû être admises à l’hôpital, fait également savoir HRW, déplorant « le désintérêt du gouvernement » pour ces actes et « l’impunité » dont jouissent les agresseurs. Les auteurs de ces agressions sexuelles sont en effet difficilement identifiables et donc rarement condamnés.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a fait part de son inquiétude face à l’ampleur du phénomène. « J'espère vraiment que, tout en trouvant une réponse pacifique à la crise actuelle, ils (les Égyptiens) puissent accorder plus d'attention aux manifestantes puisque nous avons vu de nombreux cas d'agressions sexuelles au cours des manifestations », a-t-il indiqué tandis que le président des États-Unis, Barack Obama, a quant à lui estimé qu’on ne pouvait « pas parler de manifestation pacifique quand il y a des agressions contre des femmes ». Malheureusement, ces violences envers les femmes ne sont pas inédites en Égypte. Il y a deux ans, trois journalistes, parmi lesquelles la reporter de France 3 Caroline Sinz et Sonia Dridi, correspondante pour France 24, avaient notamment été prises pour cible.
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