Sarah Elliott, avocate spécialisée dans la défense des réfugiés, est arrivée au Caire en août 2012. Elle observe depuis cette population et les conséquences de l’instabilité politique du pays sur la situation des femmes. « Le rôle d’une femme dans la société égyptienne dépend de sa religion, son éducation et sa situation socio-économique. À cause de cela, la perception des changements politiques ici varie beaucoup. Toutes les femmes égyptiennes souffrent néanmoins gravement du manque de sécurité par rapport aux années Moubarak (le dictateur déchu en 2011, ndlr) ». Le nombre de crimes aurait ainsi triplé l’année passée au Caire. « Depuis que Mohammed Morsi a pris ses fonctions de Président, les femmes ne peuvent plus marcher seules dans les rues sans avoir peur d’être agressées. D’où un sentiment de nostalgie chez certaines pour l’ancien régime… »
Pourtant d’autres femmes gardent espoir face au changement de gouvernement. Une amie de Sarah lui a confié être persuadée que les événements de la semaine passée étaient « le point de départ de la fin de l’oppression des femmes par l’Islam politique ». Sarah estime pour sa part qu’il est peut-être encore tôt pour l’affirmer, puisque « les codes culturels déterminant les rôles et le statut des femmes et des hommes ont ici des racines plus profondes que l’islam ou l’islam politique ».
Les femmes ont largement pris part à la mobilisation anti-Morsi, mettant en danger leur corps et leur vie pour lutter contre le régime. Comme Terrafemina l’a déjà rapporté, au moins une centaine de viols et agressions sexuelles ont eu lieu Place Tahrir pendant les quatre derniers jours. Pour Sarah Elliott, il est évident que ces agressions ont pour but de faire taire les femmes. « On peut au moins se féliciter que leur influence politique soit reconnue par les deux camps », souligne Sarah, précisant qu’il existe désormais des secteurs réservés aux femmes à Tahrir, où des hommes vêtus de jaune se chargent de les protéger. Les femmes prennent aussi d’autres précautions comme porter plusieurs couches de vêtements, et ne pas aller manifester seules mais plutôt accompagnées d’un homme. Un ami proche de Sarah lui a d’ailleurs confié que les hommes étaient très reconnaissants d’avoir les femmes avec eux, affirmant même que « cette révolution n’aurait jamais abouti sans les femmes qui sont allées manifester, au péril de leur corps pour le bonheur de l’Egypte ».
Malcolm Salovaara
Burkini : le record d'une nageuse iranienne invalidé à cause de sa tenue
Election présidentielle en Egypte : le Printemps des femmes n'aura pas lieu
Un film porno diffusé par erreur sur un écran géant en Chine - vidéo