Dans la politique américaine, il manque des femmes comme Wendy Davis. Surtout dans l'État du Texas, qui a voté pour le candidat républicain lors de chaque élection présidentielle depuis 1980, les hommes et le conservatisme social y dominent encore largement la scène politique. Le courage de Wendy Davis dans son combat pour le droit à l'avortement, elle qui fut mère célibataire à l’âge de dix-neuf ans, a incité la population féministe texane à ne plus se cacher dans cet État où la voix des femmes n’est pas toujours entendue.
En réaction à la « flibuste » de Mme. Davis, pratique qui consiste à faire un discours le plus long possible pour empêcher le vote d'une loi, le gouverneur texan, Rick Perry, candidat républicain pour la présidence en 2012, avait aussitôt annoncé la tenue d’une séance spéciale à partir du 1er juillet : « La législation texane est prête à achever son travail historique cette année en faisant voter une loi qui protège la santé des enfants à naître et des femmes ».
Le Washington Post rapporte que lundi 1er juillet, une foule de 5 000 personnes s’est présentée devant le Capitol texan, à Austin. Parmi les orateurs du rassemblement se trouvaient la nouvelle héroïne, Wendy Davis, et la présidente de l’organisation Planned Parenthood (« Planification familiale »). Opposants et partisans de la loi ont investi les gradins du Capitol pour assister aux séances, donnant une énergie nouvelle au débat dans cette ville où la monotonie des agendas conservateurs ne suscite plus guère la ferveur politique…
Mais la victoire démocrate sera de courte durée puisque les républicains ont la majorité absolue au Texas. Pour autant, le support national que Mme Davis a reçu à travers les réseaux sociaux—plus de cinq mille tweets avec le hashtag #StandWithWendy—envoie un signal positif pour la cause des femmes aux États-Unis. Tôt mercredi matin, après des heures d’audition, la commission texane pour les affaires de l’État a envoyé le texte de loi pour le soumettre au vote. Celui-ci devrait avoir lieu la semaine prochaine. En dehors du Capitol, les manifestants pro et anti-IVG ne désarment pas. D’après un sondage de l’agence américaine Gallup publié en mai dernier, 58% des Américains estiment que tous ou presque tous les avortements devraient être illégaux : parmi ceux-ci, 20% pensent que l’avortement doit être illégal quelles que soient les circonstances, et 38% se déclarent pour l’avortement seulement dans certaines circonstances.
Malcolm Salovaara
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