« Quand je vois des photos de Kyenge, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle a les traits d’un orang-outan, même si je ne dis pas qu’elle en est un », a déclaré sans ciller le vice-président du Sénat italien, Roberto Calderoli, samedi dernier, lors d’un rassemblement politique à Treviglio (Nord de l’Italie). L’homme politique, membre bien connu de la Ligue du Nord, parti de droite anti-immigration, s’attaquait en ces termes à la ministre de l’Intégration, originaire de République démocratique du Congo (RDC), Cecile Kyenge.
Nommée en mars dernier au gouvernement, Cecile Kyenge est la première ministre noire de l’histoire italienne, et en a largement payé le tribut depuis, d’autant plus que son action vise à faciliter l’obtention de la nationalité italienne pour les immigrants. Un autre membre de la Ligue du Nord, Mario Borghezio, avait tenu des propos racistes en juin dernier, en affirmant que Cecile Kyenge voulait imposer des « traditions tribales » en Italie. Le député européen avait été exclu de son groupe parlementaire, Europe Liberté Démocratie, à la suite de cette déclaration. Peu de temps après, c'est une femme, Dolores Valandro, élue appartenant elle aussi à la Ligue du Nord, qui s'en prenait à Cecile Kyenge en appelant au viol de la ministre de l'Intégration.
Pour Calderoli, les dérapages commencent à peser lourd et plusieurs membres de son propre parti appelaient dimanche à sa démission. Mais l’ex-ministre de Berlusconi ne le voit pas de cet œil-là, et se contente de répondre que ces propos ont été tenus dans le cadre d’un meeting politique. « Je n’avais pas l’intention de blesser et si la ministre Kyenge l’a été, j’en suis désolé, mais mes propos ont été tenus dans le cadre d’un discours politique beaucoup plus large, qui critiquait la ministre et ses choix », a-t-il déclaré. Lors de la victoire de son pays en Coupe du monde de football en 2006, Roberto Calderoli avait choqué en déclarant que l’Italie avait gagné grâce à des « Italiens de souche », tandis que la France avait perdu à cause de son équipe composée « de nègres, de musulmans et de communistes ». Quelques mois plus tôt il s’était fait remarquer en portant un tee-shirt ridiculisant le prophète Mahomet, à la suite de quoi il avait dû démissionner de son poste de ministre de la Réforme.
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