« Une bombe a été placée devant votre maison. Elle explosera à exactement 22h47 sur la minuterie, détruisant tout aux alentours. » Plusieurs journalistes britanniques de sexe féminin ont lu ce message sur leur timeline Twitter cette semaine, et certaines ont aussitôt porté plainte auprès de la police. Hadley Freeman, éditorialiste au Guardian, a reçu ce message vers 17 heures mercredi dernier, d’un compte anonyme : @98JU98U989. Même scénario pour Grace Dent, éditorialiste pour The Independent, Catherine Mayer (Time magazine Europe), Sara Lang (AARP), et Anna Leszkiewicz (Cherwell, Oxford University).
Cette vague d’agressions sur le réseau social de micro-blogging intervient quelque jours après que la militante féministe Caroline Criado-Perez ait reçu via Twitter des menaces de viol pour son rôle dans la campagne pour faire figurer Jane Austen sur les futurs billets de 10 Livres. Deux hommes ont été arrêtés depuis que la journaliste a porté plainte et dénoncé l’inefficacité des procédures de signalement sur Twitter. Hadley Freeman confie au Guardian être plutôt habituée aux agressions verbales : « Je reçois des tas de messages abusifs sur Twitter. Comme quoi je devrais retourner à ma cuisine par exemple. » Sa dernière tribune publiée, intitulée « Comment utiliser Internet sans passer pour un looser complet », traitait du problème de la misogynie ambiante sur le web. Selon elle, certains tweets sexistes viennent des femmes, comme lorsqu’on lui dit qu’elle est féministe « parce qu’elle n’arrive pas à trouver de petit ami » ou bien « qu’elle est lesbienne parce qu’elle est féministe »… Comme Caroline Criado-Perez, elle a déjà été menacée de viol, et a remarqué que les tweets abusifs étaient plus nombreux et plus agressifs depuis les menaces contre Caroline Criado et la députée travailliste Stella Creasy.
Les dirigeants de Twitter devraient être convoqués par le Parlement au sujet de plaintes leur reprochant de ne pas avoir su protéger ces femmes de leurs agresseurs anonymes. Réponse du directeur de Twitter, Del Harvey : « Il n’est pas dans les usages de la maison de signaler automatiquement à la police les messages abusifs ou les menaces. Si quelqu’un vous téléphonait et vous disait "je vais venir chez toi et je vais te frapper", vous ne vous attendriez pas à ce que la compagnie de téléphone appelle la police ? Vous voudriez certainement qu’elle travaille avec elle. » Plus important, le site Twitter n’est pas en mesure de localiser ni d’identifier les twittos, et ne sait donc pas à quel service de police locale adresser ce type d’affaires. Au-delà du simple blocage des comptes de trolls, Twitter s’est engagé à mettre en place un bouton de signalement des tweets abusifs sur son site web ainsi que sur son application mobile Android.