Daniel Galvan Viña, 63 ans, avait été condamné en 2011 à trente ans de prison pour des viols sur onze mineurs âgés de 4 à 15 ans. Pourtant, moins de deux ans après son incarcération dans la prison de Kenitra, au nord de Rabat, le pédophile a été libéré, le 30 juillet dernier, dans le cadre d'une grâce royale accordée par Mohammed VI. Une cinquantaine d'autres prisonniers espagnols ont eux aussi été graciés et libérés, au nom de l'excellence des relations bilatérales entre l'Espagne et le Maroc.
Une décision qui n'a pas manqué d'indigner l'ensemble de la population marocaine. Quelques jours après l'annonce de la remise en liberté de Daniel Galvan Viña, des milliers de personnes ont tenté de se rassembler dans le Nord du pays ou à Agadir pour dénoncer « une honte internationale ». Vendredi 2 août dans la soirée, des milliers de manifestants ont bravé la répression policière devant le parlement à Rabat pour dénoncer la grâce accordée par le roi Mohammed VI au pédophile. Interrogés par l'AFP, des manifestants ont exprimé leur honte et leur colère : « C'est la première fois que je participe à une manifestation parce que je suis outrée par cette grâce qui a permis de libérer ce pédophile », a déclaré une étudiante. D'autres s'en sont farouchement pris à l'État, qu'ils accusent de « défendre et de protéger le viol des enfants marocains ».
Face aux vives réactions entraînées par la grâce de Daniel Galvan Viña, le Palais royal s'est d'abord fendu d'un communiqué publié samedi soir. Mohammed VI y explique qu'il n'avait « jamais été informé, de quelque manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects pour lesquels l'intéressé a été condamné ». Il a par ailleurs demandé qu'une « enquête approfondie soit diligentée en vue de déterminer les responsabilités et les points de défaillance qui ont pu mener à cette regrettable libération ». Le ministre de la justice Mustapha Ramid a lui annoncé à l'AFP que le pédophile « fera l'objet d'une extradition, et il sera interdit d'entrée au Maroc ».
Des décisions jugées insuffisantes pour la population marocaine, qui a à nouveau ce week-end exprimé sa colère dans les rues. Dimanche soir, des centaines de personnes se sont une nouvelle fois rassemblées à Kénitra, dans le Nord-Ouest du pays, à quelques kilomètres de la prison où était incarcéré Daniel Galvan Viña. D'après l'AFP, cette nouvelle manifestation s'est déroulée sans heurts ni tensions avec la police, présente sur les lieux.
C'est également dans la soirée de dimanche que Mohammed VI a annoncé l'annulation de la grâce accordée au pédophile. Dans un nouveau communiqué diffusé par l'agence MAP, le roi explique que ce « retrait à caractère exceptionnel » est motivé par « des défaillances qui ont marqué la procédure, de la gravité des crimes commis et du respect du droit des victimes ». Le roi Mohammed VI invite aussi le ministre de la justice espagnol à travailler conjointement avec son homologue marocain dans la poursuite de l'enquête.
La décision de Mohammed VI a été accueillie avec soulagement par les manifestants de Kénitra, même s'ils admettent que de nombreuses questions restent en suspens. Pourquoi avoir gracié un pédophile condamné à trente ans de prison ? Selon le journal marocain Lakome, Daniel Galvan Viña aurait été libéré à la demande des services de renseignements espagnols (CRI). D'après le quotidien marocain et El País, qui relaie l'affaire, Daniel Galvan Viña était en 2003 un officier de l'armée irakienne qui a permis de renverser Saddam Hussein.
C'est une fois la guerre finie, et sous une nouvelle identité, qu'il se serait installé au Maroc et aurait commis les crimes qui lui ont valu une condamnation en 2011. Daniel Galvan Viña a été arrêté ce lundi 5 août, dans le Sud-Est de l'Espagne.
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