Réussir un « test de virginité » pour décrocher son diplôme de fin d'année ? C'est l'idée saugrenue (et scandaleuse) qu'a eu Muhammad Rasyid un responsable éducatif du district de Prabumulih, une ville du Sud de Sumatra, pour pouvoir enrayer la sexualité précoce des jeunes filles indonésiennes et « protéger les enfants de la prostitution et du libertinage ».
L'homme a déposé, la semaine dernière, une proposition de loi au Parlement qui suggère que toutes les jeunes filles âgées de 16 à 19 ans fassent obligatoirement contrôler leur hymen si elles veulent espérer entrer au lycée et obtenir leur diplôme à la fin de l'année. « C'est pour leur bien, chaque femme a le droit à la virginité », a argumenté le responsable éducatif.
Si la proposition de loi a soulevé un tollé auprès de la majorité de la population indonésienne, elle a aussi trouvé ses partisans. Les autorités religieuses du pays, ainsi que les hommes politiques les plus conservateurs ont assuré Muhammad Rasyid de leur soutien pour sauver la jeunesse indonésienne. Interviewé par The Jakarta Post, Hastul Azwar, membre du Parti de la justice prospère, une formation islamiste, a ainsi déclaré : « C'est une disgrâce de perdre sa virginité avant le mariage », avant d'ajouter : « Je suggère que les écoles informent seulement les parents des résultats du test. Elles n'ont pas besoin de les annoncer publiquement. »
Les islamistes et conservateurs indonésiens pourraient d'ailleurs faire valoir l'augmentation des taux de grossesse chez ses adolescentes comme un signe de déperdition de la jeunesse indonésienne. Entre 2007 et 2012, le nombre de grossesses non désirées chez les filles de 15 à 19 ans a augmenté de 37%, selon Time Magazine.
Les conservateurs politiques et religieux ne sont en tout cas pas prêts de recevoir l'aval de la population. En 2007 déjà, puis en 2010, d'autres personnalités avaient plaidé pour l'instauration de tests de virginité chez les jeunes filles. Ils avaient finalement dû faire marche arrière devant l'indignation de l'opinion publique.
De leur côté, les militants pour les droits des femmes s'insurgent qu'une telle mesure puisse être proposée à l'assemblée. Humiliante et sexiste, elle représente, selon les associations, un signe de plus des violences infligées aux femmes dans le pays. D'ailleurs, questionne le conseiller d'éducation Deny Trisna, « que va-t-il advenir des élèves qui ne sont plus vierges ? »
Alternative plus raisonnable, les associations de défense des droits de l'homme proposent de mettre l'accent, dès l'adolescence, sur des cours d'éducation sexuelle. Une mesure qui plaît davantage au ministre de l'Éducation Muhammad Nu, qui a déclaré qu'il y avait des « façons plus sages de traiter le problème de la sexualité chez les adolescentes ». Qualifiant la proposition de Muhammad Rasyid d'inutile, il a aussi souligné le caractère sexiste et dégradant de ces pseudo tests scientifiques : « Que faire si une élève n'est plus vierge ? La renvoyer de l'école ? Doit-il y avoir un test de virginité pour les garçons aussi ? Et, si oui, comment vérifier ? », a-t-il argué, invalidant définitivement la proposition de loi.
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