C'est une première dans l'histoire de l'Arabie saoudite. Lundi 26 août, le royaume a adopté un texte de loi qui condamne les « menaces » et les violences physiques, psychologiques et sexuelles, ainsi que l'exploitation humaine sous toutes ses formes, commises au sein du domicile familial ou sur le lieu de travail.
Les persécuteurs seront désormais passibles de poursuites pénales pouvant aller jusqu'à un an de prison et 10 000 euros d'amende, rapporte la Saudi Gazette. En cas de récidive, les peines pourront être doublées et être accompagnées, selon Le Monde, du retrait des enfants à un parent maltraitant.
En plus des sanctions pénales envers les bourreaux, le texte de loi prévoit la mise en place de structures pour la prise en charge des victimes. Ces dernières auront également le droit à un accompagnement psychologique, social et sanitaire.
Le texte de loi souhaite aussi prévenir la maltraitance sur le lieu de travail. Chaque employé victime de brimades ou de pressions de la part d'un ou de plusieurs collègues pourra à présent en faire part à son supérieur qui devra alerter la police ou le ministère des Affaires sociales. Tout témoin de maltraitance sur le lieu de travail sera aussi dans l'obligation de la signaler à sa direction.
Dans un pays où les femmes sont considérées comme inférieures aux hommes et où les violences domestiques restent un sujet hautement tabou, l'adoption d'une loi condamnant la maltraitance à la maison ou au travail est une vraie révolution.
Elle résulte en grande partie du travail de sensibilisation des associations de protection du droit des femmes contre les violences domestiques. Un peu plus tôt cette année, une affiche montrant une femme revêtue du niqab, qui laisse entrevoir son œil au beurre noir et légendée « Certaines choses ne peuvent pas être couvertes » avait fait sensation.
Pourtant, rappelle la Société nationale des droits de l'homme, si le texte de loi constitue un indéniable progrès, son impact sur la répression des violences familiales restera sûrement très limité, puisque les femmes saoudiennes, placées sous la tutelle d'un homme – leur père ou leur mari – devront solliciter son autorisation pour porter plainte, même si ce dernier s'avère être leur bourreau.
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