Deux médecins sur neuf ont accepté de pratiquer un avortement au motif que le sexe du fœtus ne convenait pas à la mère. C’est à ce résultat qu’a abouti l’enquête du Daily Telegraph pour laquelle, en février 2012, quatre femmes enceintes ont été équipées d’une caméra cachée alors qu’elles se rendaient dans neuf cliniques du Royaume-Uni. Toutes ont expliqué leur motif, et deux médecins ont accepté de pratiquer l’intervention. Si le premier a d’abord fait remarquer qu’il s’agissait « d’une forme d'infanticide féminin », il a tout de même donné son feu vert en proposant d’inscrire le motif « Trop jeune pour être mère ». Le deuxième a pour sa part simplement répondu : « Si vous voulez un avortement, vous voulez un avortement, voilà tout » et a ensuite inscrit « raisons sociales », comme motif de l’intervention.
Si le parquet britannique a décidé de ne pas poursuivre les deux médecins « dans l'intérêt du public », bien qu’il existe « suffisamment de preuves » pour le faire, le ministre de la Santé Jeremy Hunt a lui exigé « des clarifications urgentes » au conseiller juridique du gouvernement. La loi britannique prévoit en effet qu'un avortement peut avoir lieu « pour sauver la vie ou empêcher des blessures graves et permanentes à la santé physique ou mentale de la femme enceinte ». Mais, a rappelé Jeremy Hunt, les avortements liés au sexe du fœtus sont « hors-la-loi et totalement inacceptables ». Le parquet a, pour sa part, préféré renvoyer l’affaire au conseil de l’ordre des médecins. Celui-ci a demandé « les preuves réunies dans cette affaire » et devrait « reprendre » l'examen du cas de ces médecins. Ces derniers sont par ailleurs restreints dans leur activité le temps de l’enquête.
Une étude de de l'université d'Oxford de 2007 avait déjà montré le fort déséquilibre entre les naissances féminines et masculines dans la communauté indienne en Grande-Bretagne, notamment à partir du 3e enfant (113 garçons nés pour 100 filles pour les naissances entre 1990 et 2005 contre 105 garçons pour 100 filles pour la moyenne nationale). Pour l’étude, celui-ci ne pouvait s’expliquer que par « l'identification prénatale du sexe et les avortements sur les foetus de sexe féminin ». En Grande-Bretagne, les avortements peuvent être pratiqués jusque la 24e semaine de grossesse (12 en France). Un délai suffisant pour connaître le sexe du fœtus. Par ailleurs, les médecins doivent, contrairement à la France, justifier leur intervention. Au total, près de 190 000 avortements sont pratiqués chaque année en Angleterre et au Pays de Galles.
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