Au milieu d'une cour - peut-être celle d'un tribunal - des policiers manifestement hilares fouettent une femme en public. La scène se déroule au Soudan, sans doute près de la capitale Khartoum d'après l'accent. Publiée ce dimanche 15 septembre par un média d'opposition soudanais, on ne sait pas quand la vidéo a été tournée.
Après le coup d'Etat de 1989 et l'arrivée d'Omar el-Bachir au pouvoir, la flagellation est devenue une peine comme une autre pour les femmes. L'article 152 de la loi de 1991 stipule qu'une femme peut recevoir jusqu'à cinquante coups de fouet pour « comportement indécent », un point que le texte ne définit pas précisément. Il est possible de condamner une femme au châtiment du fouet car elle portait un pantalon, parce que sa tête n'est pas entièrement voilée ou si elle est vue en compagnie d'un homme qui n'est pas de sa famille proche (mari, père, frère).
Ce dernier exemple semble être le grief retenu contre celle que les policiers appellent Halima dans la vidéo. Au bout de 39 secondes, un policier l'interpelle : « Pour que tu ne montes plus dans des voitures désormais ».
Nahid Jabr Allah, militante de l'association de défense des droits des femmes et des enfants au Soudan, dénonce « une atteinte flagrante aux droits de l'Homme » sur le site de France 24. « Sur cette vidéo, les bourreaux voulaient humilier cette femme, car en plus des coups de fouet elle est exposée au regard des curieux », analyse-t-elle, « c'est un traitement réellement dégradant ». Elle dénonce une justice « inique et expéditive » : « dans la plupart des cas, l'accusée est jugée et condamnée sur-le-champ, sans avoir recours à un avocat ni à aucune assistance juridique ». Une police et des tribunaux spéciaux se chargent de traiter uniquement ce genre de délit.
Attention, les images de cette vidéo peuvent choquer :
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