Mardi 24 septembre au siège de l'ONU, à New York, François Hollande et le nouveau président iranien Hassan Rohani échangent une poignée de main historique. Signe que l'ère du très conservateur Mahmoud Ahmadinejad est désormais révolue, le président français a décidé de rétablir timidement les relations diplomatiques avec l'Iran, en suspens depuis 2005.
Plus modéré, soucieux d'apaiser les relations internationales et de faire respecter les droits de l'homme en Iran, Hassan Rohani suscite, depuis sa prise de fonctions le 3 août, les espoirs des Iraniens. Et en particulier des femmes du pays, dont les droits ont jusqu'ici été bafoués.
Premier signe de la « campagne d'émancipation et d'élévation des femmes en Iran », la nomination, en août, de la première femme à la tête du ministère des Affaires étrangères. Symbole de la main tendue du président Hassan Rohani aux femmes, qui a déclaré que « la discrimination ne serait pas tolérée » dans son gouvernement, Marzieh Afkham a été nommée ministre pour ses compétences diplomatiques, et non pour son sexe. Et si sa nomination a fait grincer des dents les politiques ultraconservateurs et les religieux du pays, à commencer par l'ayatollah Ali Khamenei, Hassan Rohani a promis de ne pas en rester là.
Le nouveau président iranien a notamment promis de mettre fin aux lois discriminatoires appliquées sur le marché du travail et à celle imposant la non-mixité des universités. Selon Courrier International, Rohani a aussi évoqué l'éventualité d'assouplir les lois vestimentaires imposées aux femmes.
Mais malgré toutes ces promesses, les associations de défense des droits des femmes en Iran et les ONG comme Amnesty International et la Campagne internationale pour les droits de l'homme en Iran restent prudentes. Certes, toutes admettent que le climat a changé dans le pays depuis la fin du mandat d'Ahmadinejad, qui avait considérablement restreint les droits des femmes et durci les sanctions les concernant. Pourtant, beaucoup reste à faire pour qu'enfin les femmes soient considérées comme les égales des hommes.
Pour la militante féministe Sussan Tahmasebi, interrogée par Courrier International, l'élection de Rohani ne mettra pas fin au port obligatoire du voile islamique, « mais [elle conduira] plutôt à la disparition progressive de la police des mœurs dans les rues. En réalité, il ne peut pas faire grand-chose dans ce domaine. C'est très idéologique. Mais je pense qu'il va tout de même atténuer certaines restrictions et ne plus faire arrêter les femmes pour tenue provocante ».
Si elle s'amorce timidement, la révolution féminine est donc loin d'être réellement en marche, du moins pour le moment. Pour l'heure, les femmes disposent toujours de moins de droits que leurs homologues masculins, notamment dans les questions de mariage, de divorce et d'héritage. Elles n'ont pas accès aux fonctions de juge et aucune femme n'a été autorisée à se présenter aux élections présidentielles depuis la révolution islamique.