Presque une semaine après avoir entamé une grève de la faim, la Pussy Riot Nadejda Tolokonnikova a été transférée dimanche 29 septembre à l'hôpital n°21 du village de Barachevo. L'établissement hospitalier, bien qu'affilié à l'administration pénitentiaire, ne dépend pas du camp de travail n°14 où est détenue la jeune femme depuis sa condamnation en février 2012 pour une prière punk contre Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à Moscou.
Très affaiblie, Nadejda Tolokonnikova avait déjà été placée, vendredi, à l'infirmerie de la prison. Le président d'une commission régionale de visiteurs en prison a déclaré ce lundi qu'il jugeait l'état de santé de la jeune femme « normal », et que celle-ci a été placée sous perfusion. Toutefois, a-t-il indiqué, « il est difficile de dire combien de temps elle restera à l'hôpital ».
Piotr Verzilov, le mari de Nadejda Tolokonnikova, à qui on a refusé un droit de visite, est pour sa part sans nouvelles de sa femme « depuis 90 heures ». « Le colonel Oleg Klichkov a dit officiellement qu'il refusait un droit de visite à Nadia », a-t-il déclaré à l'AFP. « Ils expliquent cela en disant que son état de santé est tellement mauvais qu'elle ne peut pas parler avec ceux qui assurent sa défense, mais seulement au personnel. » Les appels téléphoniques lui ont aussi été interdits.
Dans une lettre transmise à la presse, lundi 23 septembre, Nadejda Tolokonnikova avait annoncé entamer une grève de la faim pour dénoncer les conditions de vie des prisonnières dans le camp de travail, et protester contre les menaces de mort qu'elle y a reçues. Dans sa lettre, Nadejda Tolokonnikova détaille des conditions de détention « proches de l'esclavage », faites d'humiliations quotidiennes, de privation de sommeil, de journées de travail allant parfois jusqu'à 16 ou 17 heures. La grève de la faim « est une méthode extrême, mais j'ai la conviction que c'est la seule issue pour moi dans cette situation », écrit-elle, annonçant qu'elle n'y mettra un terme que lorsque « l'administration pénitentiaire [observera] la loi et [cessera] de traiter les femmes emprisonnées comme du bétail ».
C'est la lettre de Nadejda Tolokonnikova, accablante pour l'administration du camp de travail, qui, selon le groupe contestataire et proche des Pussy Riot Voïna, serait à l'origine de son interdiction de recevoir des visites, le service d'application des peines FSIN cherchant à « se venger » des accusations portées par la Pussy Riot.
De son côté, l'administration du camp pour femmes n°14 a décidé d'organiser, ce lundi, une « journée portes ouvertes ». Elle espère sans doute, en faisant visiter les locaux aux proches des prisonnières, se disculper des accusations portées par Nadejda Tolokonnikova.