Hassan Rohani est décidément bien différent du précédent président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Alors que ce dernier affichait franchement son aversion pour les États-Unis et se moquait d’appliquer le droit international, son successeur semble au contraire vouloir rétablir les relations diplomatiques avec l’ennemi américain.
Après s’être entretenu au téléphone avec Barack Obama la semaine dernière, Hassan Rohani a ainsi fait une arrivée remarquée sur Twitter, affichant, quelques mois seulement après son inscription, un bon millier de tweets et plus de 102 000 followers.
Mais s’il est désormais connecté au Web 2.0, Hassan Rohani est-il aussi disposé à ce que les Iraniens puissent y accéder ? C’est la question que le directeur et cofondateur de Twitter, Jack Dorsey lui a posée. Mardi 1er octobre, le patron du site de microblogging a interpellé le président pour s’enquérir de la liberté d’expression du peuple iranien. Un tweet écrit en anglais, à la fois courtois et piquant, qui a depuis été retweeté plus de mille fois. « Bonsoir, président. Les citoyens d’Iran peuvent-ils lire vos tweets ? »
@HassanRouhani Good evening, President. Are citizens of Iran able to read your tweets?
— Jack Dorsey (@jack) October 1, 2013
Quelques heures plus tard, Hassan Rohani lui a répondu, également en anglais : « 'Soir Jack […] Mes efforts sont destinés à ce que mon peuple puisse avoir confortablement accès à l’information globale, comme il en a le droit. »
Evening, @Jack. As I told @camanpour, my efforts geared 2 ensure my ppl'll comfortably b able 2 access all info globally as is their #right.
— Hassan Rouhani (@HassanRouhani) October 1, 2013
Depuis 2009 en effet, de nombreux sites américains, dont Facebook, Twitter et YouTube, sont bloqués par Téhéran. Jugés « immoraux » par l’ancien président Ahmadinejad, les réseaux sociaux ne sont accessibles que grâce à l’utilisation - illégale - d’un VPN (Virtual Private Network), qui permet de masquer son adresse IP.
L’inscription sur Twitter d’Hassan Rohani et son tweet à Jack Dorsey signifient-ils que les Iraniens auront bientôt la possibilité de se connecter légalement aux sites et réseaux sociaux américains ?
Depuis son élection, le 14 juin dernier et sa prise de fonctions début août, le président Rohani suscite de nombreux espoirs en Iran et des interrogations chez les autres dirigeants. Plus modéré que Mahmoud Ahmadinejad, se disant soucieux d’apaiser les relations diplomatiques - en particulier avec les États-Unis - le nouveau président d’Iran a aussi promis d’accorder plus de droits à son peuple et de faire respecter les accords internationaux en matière de droits de l’homme. Ainsi, rappelle Le Monde, l’une de ses promesses électorales était d’offrir une vitesse de connexion à Internet décente aux Iraniens. Mais faut-il pour autant en conclure que l’ouverture de Rohani aux réseaux sociaux et l’utilisation de Twitter comme instrument de diplomatie avec les États-Unis signifie la fin du régime d’oppression qui règne en Iran ? Pas sûr. Car si Hassan Rohani offre l’image d’un président modéré et plus tolérant, son pouvoir reste relativement limité, les ultraconservateurs du pays, ainsi que l’ayatollah Khamenei, guide spirituel de la Révolution islamique d’Iran, conservant une emprise très forte sur les institutions du pays et sur les mentalités. Sur Le Plus du Nouvel Observateur, Maxime Pinard, chercheur à l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) note que si « la présence numérique iranienne » est « sans doute bonne », il faudra toutefois « voir sur plusieurs mois, voire plusieurs années, avant d’être sûr de l’évolution du cyberespace iranien ».
Hassan Rohani pourra toutefois compter sur l’aide de Jack Dorsey, le patron de Twitter ayant conclu leur échange par : « N'hésitez pas à nous faire savoir comment nous pouvons aider à mettre cela en pratique. »
@HassanRouhani thank you. Please let us know how we can help to make it a reality.
— Jack Dorsey (@jack) October 1, 2013
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